Faut-il absolument croire en Dieu – ou en un dieu – pour posséder un véritable sens moral? La question continue de faire débat, et un récent sondage mené par le Pew Research Center révèle d’importantes différences non seulement en raison du développement économiques des divers pays d’où proviennent les participants, mais aussi en fonction de l’éducation et de l’âge des répondants.
Selon les résultats de la vaste consultation, à laquelle ont participé pas moins de 38 000 personnes, une moyenne de 45% des répondants affirment qu’il est nécessaire de croire en Dieu pour posséder un sens moral et de bonnes valeurs. Les variations régionales sont toutefois particulièrement importantes.
Sans grande surprise, les habitants de pays en développement, où le sentiment religieux est généralement beaucoup plus important que dans les économies développées, estiment que la religion est importante dans leur vie, et sont donc davantage portés à affirmer qu’il faut effectivement croire en Dieu pour posséder un sens moral. Des différences ont aussi été constatées à l’intérieur des divers pays.
À travers l’Occident, moins de la moitié des personnes sondées estiment que croire en Dieu est essentiel. C’est notamment en Suède, une économie particulièrement développée où les politiques sont généralement progressistes, que cette proportion est la plus faible parmi les 34 pays inclus dans l’étude, avec seulement 9% des participants estimant que cette croyance religieuse est nécessaire. La République tchèque, un pays formé à partir d’une ancienne république soviétique, où la religion était plus que mal vue, suit avec une proportion de 14%. La France, pays « libéral » par excellence, emboîte le pas, avec 15% de sa population jugeant qu’il est essentiel de croire en une divinité pour posséder un sens moral et de bonnes valeurs.
Même l’Italie, où la religion est généralement particulièrement importante, notamment chez les gens plus âgés, la proportion n’est que de 30%. Cela ne veut toutefois pas dire que les gens ne croyant pas au lien essentiel entre religion et moralité ne sont pas croyants.
En Amérique du Nord, le Canada fait bande à part, avec « seulement » 26% des répondants établissant un lien entre religion et moralité. Chez les voisins américains, tout juste au sud, ce taux bondit à 44%; la religion occupe, après tout, une grande place dans la vie politique américaine, contrairement au Canada, où ces questions sont généralement reléguées du côté de la vie privée, à l’exception de certains groupes de pression de droite. Au Mexique, enfin, où la population est particulièrement croyante, la proportion passe à 55%.
C’est au Brésil que l’on trouve le plus fort taux d’adhérents à cette idée de lien entre religion et moralité; 84% des répondants sont en accord avec cette assertion.
De l’autre côté de la planète, les Philippines et l’Indonésie sont quasi-unanimement favorables à cette équation entre Dieu et la moralité; les deux pays sont deux importants bastions de la foi musulmane.
L’Inde, où la chose religieuse est là aussi très présente, et où le premier ministre Modi joue très fortement la carte du nationalisme religieux hindou, notamment contre ses ressortissants de confession musulmane, le taux de répondants favorables est de 79%.
Des leçons tout à fait contemporaines de la part de villes antiques