Qualifié à sa sortie sur PC en 2019 de « jeu de puzzles le plus inventif depuis Portal », c’est maintenant au tour des propriétaires d’une console de salon de pouvoir découvrir le monde onirique et ludique de Superliminal.
La prémisse de Superliminal est à la fois simple et originale. Le Pierce Institute a développé une technologie expérimentale nommée SomnaSculpt, qui procure aux personnes souffrant de stress et d’anxiété une thérapie basée sur le rêve. Le joueur incarne un patient anonyme s’étant rendu sur place afin de profiter des bienfaits de ce traitement médical révolutionnaire, mais dès la première session, un problème survient, et ce dernier s’endort si profondément qu’il se retrouve perdu au sein de son subconscient, et confiné dans un univers surréaliste où les lois du réel ne s’appliquent plus. Il faut alors trouver une façon de s’extirper de ce labyrinthe onirique, au risque de sombrer à tout jamais dans le domaine du songe.
Ce ne sont pas les jeux de puzzles qui manquent, mais Superliminal se démarque facilement du lot par ses mécaniques inventives, reposant sur les illusions d’optique et les perspectives forcées. Des objets usuels, comme une pointe de fromage ou une pièce d’échecs, se font plus petits ou plus gros dépendamment de la distance à laquelle on les place, et ils conservent cette taille quand on les reprend. Un simple dé à jouer peut ainsi devenir assez massif pour nous permettre d’atteindre une porte surélevée, et se frayer un chemin d’une pièce à l’autre. Le titre utilise aussi le principe des trompe-l’œil, où il faut se placer exactement dans le bon angle afin de saisir un objet dont la forme est éparpillée à travers le décor, tandis que d’autres items se multiplient à l’infini quand on les touche.

En plus des conseils du docteur Pierce transmis à travers les radios, une voix désincarnée (qui n’est pas sans rappeler celle de GLaDOS dans Portal), accompagne notre périple de répliques froides et cyniques. Superliminal baigne dans une musique jazz digne d’une salle d’attente, qui se veut relaxante, mais tombera toutefois sur les nerfs de certains. Les décors sont assez banals, partagés entre les pièces austères d’un laboratoire, les chambres et corridors d’un hôtel, et des salles industrielles où règnent les échafauds et les panneaux de contreplaqué, mais des éléments incongrus placés ici et là apportent une touche surréaliste à l’ensemble. Le titre s’amuse même avec les écrans de chargement, qui affichent une barre de progrès reculant ou s’étirant exagérément, ou un pourcentage dépassant les 100%.
Le seul défaut qu’on puisse trouver à Superliminal est sa longueur. Des succès sont d’ailleurs décernés pour compléter l’expérience en trente minutes ou en une heure, mais sa dimension onirique et surréelle, qui constitue l’une de ses grandes forces, vient également compliquer les choses, puisque la résolution des casse-têtes ne passe pas par la logique du monde réel à laquelle nous sommes habitués. Dans un puzzle par exemple, on décroche littéralement la lune du ciel, mais comment doit-on utiliser l’astre lunaire pour progresser? Ce côté un peu nébuleux allonge certes la durée du titre, mais la plupart des joueurs auront terminé le tout en deux à trois heures à peine. Heureusement, le jeu se détaille dans les environs d’une vingtaine de dollars seulement.
Sans être aussi révolutionnaire que Portal, Superliminal est l’un des jeux de puzzles les plus intéressants des dernières années, et quiconque aime se tordre les méninges saura apprécier ce titre, dont l’expérience demeure mémorable malgré sa courte durée.
7.5/10
Superliminal
Développeur & éditeur : Pillow Castle
Plateformes : Nintendo Switch, PS4, Windows et Xbox One (testé sur Xbox One)
Jeu disponible en français (textes à l’écran seulement)