« Un problème de pouvoir de marché perdure au sein du secteur sans fil canadien », affirme tout de go le Bureau de la concurrence, dans le cadre d’un examen du secteur de la téléphone cellulaire au pays. La solution? Offrir un accès gratuit aux réseaux des trois grands joueurs, Rogers, Bell et Telus, pour permettre aux nouveaux arrivants de développer leurs propres infrastructures.
Le document résultant de l’étude en question, publié jeudi, soutient que « davantage de Canadiens pourraient économiser sur leur facture de services » si les trois grands joueurs devaient faire face à une concurrence accrue de la part de fournisseurs régionaux. Y compris de la part de Vidéotron, au Québec.
Selon le Bureau de la concurrence, les prix pourraient être réduits de plus de 50% pour les consommateurs se trouvant dans des marchés où la concurrence des fournisseurs régionaux est importante. Il serait en fait plus intéressant, pour les abonnés à la téléphonie cellulaire, de disposer d’un plus grand choix de fournisseurs, plutôt que d’avoir accès, comme cela est le cas en ce moment, à des forfaits dits « illimités » chez les grands joueurs.
Ces mêmes forfaits ont été accompagnés d’une réduction de 25% des prix des forfaits, lit-on dans l’étude, mais « seulement pour un certain groupe de clients ». Pire encore, une diminution des subventions offertes pour les téléphones veut en fait dire que la facture mensuelle des consommateurs n’a pas diminué du quart, tel qu’anticipé.
Pour assurer la survie des futurs fournisseurs – les précédentes tentatives de création de nouveaux fournisseurs se sont généralement terminées par la fermeture ou le rachat de ces entreprises par les grands joueurs existants, à l’exception de Vidéotron, qui peut compter sur son bouquet de services –, le Bureau de la concurrence propose d’offrir, pendant cinq ans, l’accès aux réseaux déjà existants des grands fournisseurs, histoire que les nouveaux arrivants sur le marché puissent s’installer et développer leurs propres réseaux. Pas question, toutefois, de laisser la bride sur le cou à ces nouveaux joueurs. Au-delà de la période de cinq ans, des sanctions pécuniaires seraient imposées aux entreprises qui n’auraient pas respecté leurs engagements et mis sur pied leurs propres infrastructures de téléphonie sans fil.
« Nos recommandations dans cette instance offrent une approche fondée sur des données probantes en vue d’accroître la concurrence. Une concurrence efficace est la clé pour offrir des prix plus bas, un choix accru et des réseaux de grande qualité », a ainsi déclaré Matthew Boswell, commissaire de la concurrence au sein du Bureau.
L’étude de l’agence fédérale révèle par ailleurs que le Canada est le pays du G7 où les revenus par abonné de services sans-fil sont les plus élevés, soit un peu moins de 740$ par année. Aux États-Unis, classés deuxièmes de ce palmarès peu flatteur, le montant s’élève plutôt à 567$, en moyenne. Dans les cinq autres pays du G7, soit la France, l’Allemagne, l’Italie et le Royaume-Uni, les revenus par consommateur ne dépassent jamais 300$ par année, sauf dans le cas de l’Hexagone, où le montant est un tout petit peu plus élevé.
Le Canada est aussi le pays où les fournisseurs de téléphonie sans fil affichent la plus grande marge bénéficiaire du G7.
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