Une plante réputée pour donner aux bonbons le goût du carton permettrait-elle de contrôler notre consommation de sucre? Le Détecteur de rumeurs et l’Organisation pour la science et la société se demandent si ça ne serait pas trop beau pour être vrai.
L’origine de la rumeur
La plante Gymnema sylvestre, qui pousse en Afrique, en Asie et en Australie, ressemble à un buisson rampant en forme de liane qui peut atteindre jusqu’à 3 mètres de haut. Elle est très utilisée dans la médecine traditionnelle indienne, où on prétend qu’elle peut guérir toutes sortes de choses (rhumatismes, ulcères, asthme et morsures de serpents). Mais ses feuilles sont aussi connues comme « destructrices du sucre » —d’un de ses noms hindis, gurmar.
Un effet plausible
En effet, le contenu de la plante Gymnema sylvestre bloque, chez certaines personnes, le goût du sucre dans la bouche pendant 30 à 60 minutes. On pensait autrefois qu’il s’agissait d’une seule molécule, baptisée acide gymnémique, alors qu’il s’agit plutôt d’un mélange de plusieurs acides gymnémiques. Ceux-ci se lient aux récepteurs de la saveur sucrée sur notre langue. Les récepteurs étant rendus inaccessibles, le sucre et les édulcorants ne peuvent plus s’y lier… et le sucre ne goûte plus rien !
Cet effet étonnant, bien connu d’une compagnie comme Coca-Cola qui l’utilise dans ses études, semble toutefois varier de personne en personne. Par exemple, des pastilles d’acide gymnémique n’ont pas fonctionné pour la journaliste du site The Cut qui a écrit sur ce sujet, et plusieurs commentateurs sur le site d’Amazon se sont plaints de ne pas percevoir de différence.
Mais comme ce tour de magie biologique fonctionne pour plusieurs, on présente la Gymnema sylvestre comme une alliée à la perte de poids et au contrôle du diabète.
De petits essais cliniques et des conflits d’intérêts
Les études scientifiques sur la Gymnema souffrent de plusieurs problèmes, à commencer par l’échantillon. Avec des groupes de seulement quelques dizaines de participants, tout résultat est contestable.
Le deuxième problème est la possibilité d’un biais culturel. Les deux premières études ont été réalisées en Inde en 1990. Étant donné le statut presque mythique de cette plante là-bas, un certain scepticisme reste de mise.
Mais le plus gros problème des études sur la Gymnema est le conflit d’intérêts financier. Un essai clinique randomisé publié en 2003 et qui testait un supplément alimentaire contenant la Gymnema, a été financé et réalisé par la compagnie qui produit le supplément. Il en est de même pour les études du produit Crave Crush (renommé Sweet Defeat): son fabricant se trouve derrière ces deux essais. Pire, l’article scientifique qui rapporte les résultats du premier essai révèle que la compagnie a ordonné l’arrêt du recrutement des participants prématurément, car elle était comblée par les résultats précoces.
La totalité des données scientifiques sur la Gymnema a été évaluée en 2015 par le site Practice-Based Evidence in Nutrition (une ressource développée par Les diététistes du Canada et co-gérée par des associations de diététistes britanniques et australiens). Leur conclusion: ce supplément n’est soutenu que par des données limitées ou des opinions d’experts.
Non, le virus n’a pas frappé plus fort là où se trouve la 5G