La première évaluation en profondeur des vagues de chaleur, parfois jusqu’à l’échelle régionale, a révélé que dans la quasi-totalité des régions du monde, les vagues de chaleur ont gagné en fréquence et en durée depuis les années 1950.
L’étude, publiée dans Nature Communications, a également permis d’obtenir une nouvelle donnée, soit la chaleur cumulée, qui révèle exactement la quantité de chaleur se trouvant dans les vagues de chaleur et les saisons chaudes. Tel qu’attendu, ces nombres sont aussi en hausse.
Au cours de la pire saison chaude de l’Australie, une chaleur cumulée supplémentaire de 80 degrés Celsius a été ressentie à travers le pays. En Russie et dans la région de la Méditerranée, les saisons les plus extrêmes ont été accompagnées d’une hausse cumulée de 200 degrés, ou plus.
« Non seulement avons-nous constaté l’apparition de vagues de chaleur plus fréquentes et plus longues au cours des dernières 70 années, mais cette tendance s’est clairement accélérée », affirme la principale auteure des travaux, la Dre Sarah Perkins Kirkpatrick, du ARC Centre of Excellence for Climate Extremes.
« La chaleur cumulative démontre une accélération similaire, en augmentant à l’échelle mondiale d’environ 1 à 4 degrés Celsius par décennie, mais dans certains endroits, comme au Moyen-Orient et dans certaines régions d’Afrique et de l’Amérique du Sud, la hausse est plutôt de 10 degrés par décennie. »
La seule valeur comparative qui ne semble pas avoir augmenté est l’intensité des vagues de chaleur, qui mesure la température moyenne durant ces périodes. Cela s’explique par le fait qu’à l’échelle mondiale, les données font état de davantage de journées chaudes et de vagues de chaleur qui durent plus longtemps. Lorsque la température moyenne est mesurée durant des périodes plus longues, toute variation d’intensité est quasiment indétectable. Seul le sud de l’Australie et de petites zones en Afrique et en Amérique du Sud font état d’une augmentation détectable de l’intensité moyenne des vagues de chaleur, rapportent les chercheurs.
En s’interrogeant sur de longs intervalles, notamment la période allant de 1950 à 2017, les chercheurs ont constaté des tendances claires. Par exemple, les vagues de chaleur se sont multipliées dans le bassin de la Méditerranée, et leur durée s’est allongée de deux jours par décennie. Mais entre 1980 et 2017, l’accélération a plutôt atteint 6,4 jours par tranche de 10 ans.
L’approche régionale a également démontré de quelle façon les tendances peuvent varier. Des endroits comme l’Amazonie, le nord-est du Brésil, l’ouest de l’Asie et la Méditerranée subissent des changements rapides, alors que l’Australie du Sud et le nord de l’Asie changent également, mais plus lentement.
Cependant, peu importe la vitesse des changements, il semble inévitable que les nations vulnérables possédant des infrastructures moins bien développées seront les plus touchées par la chaleur extrême.
« Voilà longtemps que les climatologues affirment qu’un signe clair du réchauffement climatique serait le fait de constater des changements dans les vagues de chaleur », affirme le Dr Perkins Kirkpatrick.
« Les changements régionaux constatés au cours des 70 dernières années et l’accroissement rapide du nombre de ces événements sont autant d’indicateurs clairs que le réchauffement climatique est en cours et va en s’accélérant. »
Toujours selon le Dr Kirkpatrick, « cette étude est la plus récente preuve qui devrait forcer les décideurs à comprendre qu’il est urgent d’agir si nous voulons éviter le pire du réchauffement climatique ».