Une température de 38 degrés dans une ville de Sibérie le 20 juin. Et de 35 degrés le lendemain. On a beaucoup fait état de ces nouveaux records — 38 degrés représenterait un sommet, où que ce soit au-delà du cercle polaire arctique. Mais ces chiffres n’arrivent pas de nulle part.
Car c’est en fait depuis 6 mois que la Sibérie vit des températures supérieures à la normale: les plus élevées depuis 42 ans que de telles mesures sont prises à la grandeur de la région, rapporte le service européen Copernicus. À lui seul, le mois de mai était de 0,63 degré au-dessus de la moyenne des mois de mai de 1981 à 2010. Et dans le nord-ouest de la Sibérie, la différence était plutôt de 10 degrés: une anomalie censée ne se produire qu’une fois par 100 000 ans — du moins, dans un monde où il n’y aurait pas de réchauffement climatique.
Verkhoyansk, la ville aux 38 degrés Celsius, recueille pour sa part de telles données depuis 1885. Des mesures prises dans la haute atmosphère par des ballons météo le 21 juin ont également montré des températures supérieures à la normale.
Outre la chaleur sibérienne des six derniers mois, il faut aussi se rappeler que c’est l’ensemble de l’Arctique qui se réchauffe plus vite depuis 20 ans que n’importe quelle autre partie du monde, un phénomène appelé par les experts « amplification arctique ».
Mais dans l’immédiat, ces six mois de températures supérieures à la normale ont eu des impacts tangibles bien au-delà de Verkhoyansk: accélération de la fonte des glaces, fonte du pergélisol (le sol normalement gelé à l’année longue), qui a en retour provoqué une fuite de 21 000 tonnes de carburant dans la rivière Ambarnaya le 29 mai. Et pour ajouter aux problèmes, une saison de feux de forêt anormalement hâtive, dont l’intensité approche en ce moment les records enregistrés… l’an dernier. Plusieurs écosystèmes locaux reposent, en plus du pergélisol, sur des sols de tourbes riches en carbone: un incendie en Sibérie envoie donc encore plus de carbone dans l’atmosphère, ajoutant à cette amplification arctique.