Ah, le 19e siècle… l’époque des bonds de géant de la science, où un homme (ou une équipe formée d’un homme et d’une femme, dans le cas présent), pouvait changer à jamais la compréhension de grands phénomènes scientifiques et faire progresser la connaissance de l’humanité tout entière. Le réalisateur Tom Harper fait (partiellement) revivre cet esprit d’aventure dans The Aeronauts, sorti l’an dernier.
En 1862, donc, le météorologue James Glaisher (Eddie Redmayne) tente désespérément d’être pris au sérieux. Pourtant, son hypothèse voulant qu’il soit possible de prédire le temps qu’il fera est tournée en ridicule par ses pairs. Il devra faire des pieds et des mains pour finalement obtenir non seulement le financement nécessaire, mais aussi un pilote adéquat, alors qu’il est responsable de la prise des mesures scientifiques, et non pas de diriger la montgolfière qui s’élèvera dans les cieux. Car il est bien question d’un ballon, puisque l’avion ne sera inventé qu’une quarantaine d’années plus tard.
Glaisher sera aidé dans son aventure par Amelia Wren (Felicity Jones), une aéronaute avertie au passé trouble: considérée comme le « vilain petit canard » de la famille, puisqu’elle a toujours obstinément refusé de se plier aux diktats de la séparation des sexes du milieu du 19e siècle, la jeune femme a vécu un drame terrible lors d’une précédente ascension en compagnie de son mari. Aux prises avec une situation potentiellement mortelle, le conjoint en question, Pierre, a préféré se sacrifier, plutôt que d’être témoin de la mort de son épouse. Voilà donc Amelia désireuse de vaincre les démons du passé, mais dont l’assurance tient à bien peu de choses.
Ensemble, les deux explorateurs vivront environ deux heures de grande tension, le tout entrecoupé de retours en arrière nous permettant de mieux comprendre les motivations des personnages et ce qui les ont amenés à se rencontrer, puis à travailler de concert.
Période historique peu explorée au cinéma, du moins en ce qui concerne le thème de l’exploration scientifique, la deuxième moitié du 19e siècle contient encore ce côté « magique » qui disparaîtra rapidement au 20e siècle, à mesure que le progrès scientifique ira en s’accélérant. Et c’est justement cette magie qui est relativement bien transposée à l’écran par Harper, qui cosigne aussi le scénario. Bien entendu, on peut se douter que des séquences d’action ont été ajoutées pour renforcer le sentiment d’urgence et le côté dangereux de l’expédition, avec un passage à travers une violente tempête qui donne l’apparence de surhumains à nos héros, mais la façon dont ces scènes sont tournées, souvent avec une caméra attachée à une partie de l’aéronef, et qui se mettra donc à bouger de façon « réaliste » lorsque les éléments se déchaîneront, donne vraiment l’impression d’y être. Même si les acteurs sont forcément dans un studio, probablement devant un écran vert, suspendus par des câbles.
Est-ce que The Aeronauts est un grand film? Pas vraiment; il manquerait peut-être une plus grande croissance personnelle, de la part des principaux interprète, pour que l’oeuvre laisse une impression plus vivace. Cependant, l’idée est originale, fort bien exécutée, et il faut souligner la décision d’inclure un nombre intéressant d’acteurs provenant de minorités culturelles parmi les personnages de soutien. Le duo d’acteurs principaux demeure plus blanc que blanc, oui, mais pour une histoire se déroulant à l’époque victorienne, voir quelques acteurs noirs et de l’Asie de l’Est fait plaisir à voir.