Déjà mal en point en raison de la lente érosion des revenus publicitaires, puis matraqués par la quasi-disparition des entrées d’argent en raison de la pandémie, voilà que les médias canadiens sont en plus affectés par l’effritement de la confiance du public envers la radio, les journaux, la télévision et les sites d’information, révèle la plus récente déclinaison canadienne du Digital News Report, publié par le Reuters Institute et l’Université Oxford.
Selon le rapport en question, la confiance envers les médias en général s’établit ainsi à 44%, un recul de 8 points de pourcentage. Le taux est toutefois différent chez les populations anglophones (44%) et francophones (49%). La confiance augmente lorsqu’il est question des médias directement consultés par les citoyens, soit une moyenne de 52%. Ce taux chute à 31% pour les médias consultés lors de recherches, et à 19% seulement pour les médias dont le contenu est d’abord vu via les réseaux sociaux.
Tout n’est toutefois pas perdu: le public canadien perd confiance envers ses médias, certes, mais le nombre de gens payant pour consulter des nouvelles en ligne est en hausse de quatre points de pourcentage comparativement à l’année dernière. Ce qui fait dire au comité de rédaction qu’un crédit fiscal pour des abonnements numériques pourrait aider certains éditeurs à contrer, en partie, les pertes encourues pendant la pandémie.
Paradoxalement, aussi, la confiance des Canadiens envers les médias nationaux demeure très solide… aussi longtemps qu’ils font confiance aux médias en général. Chez les anglophones, CTV News, Global (tous deux à 73% d’indice de confiance) et les journaux régionaux et locaux (72%) ouvrent la marche, tout juste devant la CBC et sa chaîne d’informations en continue Newsworld (71%). De fait, après la BBC en cinquième place, il faut attendre d’arriver en 10e position pour voir un deuxième média étranger, avec la chaîne NBC/MSNBC.
Il est à noter que Fox News ferme la marche de ce palmarès de 20 places, avec seulement 39% d’indice de confiance, contre 40% des répondants affirmant qu’au contraire, ils n’accordent pas leur confiance à la chaîne conservatrice qui s’est résolument rangée du côté du président américain Donald Trump et du Parti républicain.
Chez les francophones, c’est Radio-Canada/RDI qui ouvre le bal, avec un indice de confiance de 80%. Suit TVA Nouvelles/LCN (77%), puis le quotidien montréalais La Presse (74%), tout juste devant les journaux locaux et régionaux (71%). Sans surprise, aucun média américain connu, forcément anglophone, ne se retrouve dans ce palmarès, mais CTV News se classe en 10e position. Il faut aussi attendre la neuvième place, avec TV5 Nouvelles, pour trouver une source d’information qui ne soit pas entièrement québécoise.
Domination du numérique
Impossible, par ailleurs, de passer sous silence l’importance des sources numériques utilisées par les Canadiens pour s’informer. Quelque 78% des personnes interrogées ont dit se tourner vers internet pour consulter les nouvelles, y compris en faisant un tour du côté des médias sociaux. D’ailleurs, 41% des gens sondés ont dit se servir de Facebook à cette fin, en progression d’un point de pourcentage par rapport à l’année précédente. Vient ensuite YouTube, puis Facebook Messenger, Twitter, Instagram et le service de messagerie WhatsApp. Il est à noter que dans cette liste, seuls YouTube et Twitter n’appartiennent pas à l’empire de Mark Zuckerberg.
Aucune surprise, alors, à ce que Facebook récupère plus que la part du lion des revenus publicitaires associés à la consultation de contenus journalistiques en ligne.
La télévision, de son côté, poursuit un lent déclin constaté depuis au moins 2016 par les experts ayant collaboré à la rédaction du rapport. Si, cette année-là, 71% des participants au coup de sonde disaient allumer la télé pour s’informer, ils ne sont plus que 60%, cinq ans plus tard. Le recul est similaire du côté des médias imprimés, avec un passage de 36% à 25% pendant la même période.
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