La mort de George Floyd lors d’une intervention policière servira-t-elle de grand unificateur entre les divers groupes politiques et sociaux des États-Unis? Une récente enquête du Pew Research Center révèle qu’à travers l’ensemble des groupes ethniques, et même entre les principaux partis, la majorité des personnes interrogées appuient le mouvement Black Lives Matter.
Après plusieurs semaines de manifestations, qui ont parfois viré à la casse, voire à l’émeute, la colère de la population américaine (et mondiale), et principalement celle des minorités ethniques, Noirs en tête, ne faiblit pas. Même chose pour la mobilisation et les appels à faire non seulement disparaître les symboles du racisme systémique existants chez l’Oncle Sam, mais aussi à réformer les institutions qui maintiennent généralement les lois et les processus qui enchâssent ce racisme dans la vie de tous les jours.
L’enquête du Pew Research Center indique que « les deux tiers des adultes américains » ayant participé au coup de sonde appuient le mouvement Black Lives Matter (BLM), tandis que 38% des sondés disent l’appuyer fortement. Ce sentiment est particulièrement fort chez les Noirs, même si une majorité de Blancs (60%), d’Hispaniques (77%) et d’Asiatiques (75%) disent aussi le soutenir à divers degrés.
De son côté, le président Donald Trump est jugé de façon largement négative pour sa gestion de la crise: 60% des Américains ayant participé à l’enquête ont estimé que le chef de l’État avait envoyé le mauvais message en réponse à ces manifestations. Interrogés à propos de la gestion, par le président, des relations raciales dans un cadre plus général, 48% des sondés affirment qu’il a empiré la situation, tandis que 19% estiment qu’il a plutôt travaillé à améliorer les choses, tandis que 19% pensent qu’il a tenté de changer la situation mais a échoué dans ses démarches, et 12% croient carrément qu’il ne s’est pas penché sur la question.
La crise aura aussi entraîné des échanges sur la question de l’égalité raciale: 69% des gens interrogés, y compris des majorités de répondants appartenant à divers groupes raciaux et ethniques, disent avoir discuté avec leur famille et amis de cet enjeu plus que délicat, et ce au cours du dernier mois. Et parmi ceux qui utilisent les réseaux sociaux, 37% des participants ont indiqué avoir publié ou partagé du contenu lié aux enjeux raciaux ou à l’égalité raciale pendant cette même période.
Par ailleurs, 9% ont dit avoir donné de l’argent à un groupe ou à une organisation qui s’intéresse à ce dossier, 7% ont contacté un élu ou un responsable pour discuter de cet enjeux, et 6% ont participé à une marche ou une manifestation au cours du dernier mois.
Toujours des divisions entre les partis
Si les électeurs des deux grands partis s’entendent en majorité sur le fait que la mort de George Floyd et les tensions entre les Noirs et la police viennent expliquer les manifestations qui secouent l’Amérique, les démocrates sont bien plus nombreux (80% dans les deux cas) que les républicains (respectivement 59% et 57%) à juger que ces deux sujets sont les causes sous-jacentes de ces perturbations.
Le fossé se creuse davantage lorsqu’il est question d’évaluer la façon dont les Noirs ont été historiquement traités aux États-Unis. Si 84% des démocrates estiment que le traitement de cette population a contribué aux manifestations et à la vindicte populaire, seuls 45% des républicains en pensent tout autant. La couleur de peau n’a cependant pas d’influence sur la perception des démocrates, précise le Pew Research Center.
Les républicains sont aussi plus nombreux à juger que certaines personnes commettant des actes de violence ou posant des gestes criminels ont contribué aux manifestations. Quelque 82% des républicains expriment ce point de vue, comparativement à 39% des démocrates.
Et chez les démocrates, d’ailleurs, les Noirs (42%) sont plus nombreux à penser de la sorte que les Blancs (34%).