La perception des couleurs a longtemps été un mystère pour les chercheurs en neurosciences et en psychologie, qui débattent sur la « quantité » de couleur qui est véritablement perçue. Une étude de l’Université Dartmouth, en collaboration avec le Amherst College, a révélé que les gens ne sont au fait que d’une gamme particulièrement limitée de couleurs dans leur vision périphérique; la majeure partie de notre perception de la couleur est donc forcément construite par le cerveau, affirment les chercheurs.
Les travaux sont publiés dans Proceedings of the National Academy of Sciences.
Pour évaluer la perception des couleurs en temps normal, les scientifiques ont utilisé des lunettes de réalité virtuelle équipés de capteurs capable de suivre le mouvement des yeux pour donner l’impression que les participants se trouvaient dans un environnement réel.
Parmi ces environnements virtuels, on trouvait des visites de lieux historiques, un spectacle de danse urbaine, une pratique d’un orchestre symphonique et d’autres événements ou endroits, dans le cadre desquels les observateurs pouvaient explorer les alentours simplement en tournant la tête. Avec l’outil de suivi des yeux, les chercheurs savaient exactement où regardait un participant, et pouvaient apporter des changements systématiques à l’environnement visuel pour que seules les zones où se dirigeait le regard d’un observateur étaient en couleur. Le reste de l’environnement était plongé dans des teintes de gris, de noir et de blanc.
Après une série d’essais, les chercheurs ont posé des questions aux participants pour évaluer s’ils avaient constaté l’absence de couleurs à la périphérie de leur vision.
Selon les scientifiques, la périphérie visuelle s’étend sur environ 210 degrés, ce qui est similaire au fait d’étendre les bras de part et d’autre de son corps. Les résultats de l’étude ont démontré que la perception des couleurs était en fait limitée à une petite zone située en plein centre du champ visuel. Lorsque les chercheurs ont fait disparaître les couleurs, la plupart des gens ne s’en sont pas rendus compte. Dans les cas les plus extrêmes, environ le tiers des observateurs n’ont pas remarqué lorsque moins de 5% du champ visuel était en couleur.
Les participants ont par la suite été surpris de découvrir qu’ils n’avaient pas remarqué la périphérie en teintes de gris.
« Nous avons été étonnés de voir à quel point les participants ne constataient pas que la couleur était retirée d’une zone allant jusqu’à 95% de leur univers visuel », a indiqué la principale auteure de l’étude, Caroline Roberston, professeure adjointe en psychologie et science du cerveau à Dartmouth. « Nos résultats démontrent que notre intuition à propos d’un monde riche en visuels colorés est largement erronée. Notre cerveau effectue un gros travail de remplissage lorsque vient le temps de percevoir quelque chose. »