Les manifestations et les violences policières suivant le meurtre de George Floyd, un quadragénaire noir asphyxié par le policier Derek Chauvin, auront mis en évidence un phénomène qu’il sera impossible d’éviter lors de la prochaine élection présidentielle américaine, en novembre: au pays de l’Oncle Sam, les divisions en matière de genre, d’éducation et de couleur de peau n’ont jamais été aussi importantes entre les républicains et les démocrates.
Selon une enquête réalisés par le Pew Research Center, qui s’appuie sur des sondages réalisés auprès de plus de 360 000 électeurs inscrits sur les listes américaines sur une période de plus de 25 ans, y compris 12 000 électeurs en 2018 et 2019, si les bassins démographiques pro-Parti républicain et pro-Parti démocrate étaient sensiblement les mêmes à l’époque, ils sont aujourd’hui fondamentalement différents.
Couleur de peau, ethnicité, éducation, genre, âge et pratique religieuse: tout semble diviser les deux grands partis, et contribuer à créer un fossé qui ne cesse de s’agrandir entre les deux formations politiques qui se livrent une lutte toujours plus acrimonieuse.
Lorsque l’on observe les affiliations politiques de ces électeurs inscrits, 49% sont démocrates ou indépendants pro-démocrates, tandis que 44% sont républicains ou pro-républicains.
En ce qui concerne l’affiliation politique en fonction de la couleur de peau, les Blancs non-hispaniques continuent de s’identifier largement au Parti républicain par une marge importante (53% contre 42%). Cependant, ce groupe voit son poids démographique continuer de diminuer. En 1996, les Blancs représentaient 85% des électeurs; en 2018/2019, cette proportion était tombée à 69%. Et cette diversification de la population a surtout bénéficié aux démocrates: 40% de leurs électeurs sont maintenant d’un groupe autre que caucasien, tandis que cette proportion n’est que de 17% chez les républicains.
Et pendant qu’elle se diversifiait, la population américaine gagnait aussi en éducation. Encore aujourd’hui, cependant, seulement 36% des électeurs possèdent au moins un diplôme universitaire de quatre ans, alors que 64% de l’électorat n’a pas complété de formation universitaire. Malgré tout, les démocrates sont de plus en plus populaires chez les universitaires blancs, tandis qu’ils conservent leur important avantage chez les diplômés noirs, asiatiques et hispaniques. Les républicains, eux, font le plein d’électeurs chez les Blancs qui ne sont pas allés à l’université, qui représentent 57% de tous les électeurs du GOP.
Du côté de l’âge, là encore, les démocrates ont l’avantage chez les jeunes, même si 52% de l’électorat américain a maintenant 50 ans et plus. En 1996 et 2004, pourtant, la majorité des électeurs avait moins de 50 ans. Aujourd’hui, ceux qui ont au moins passé le cap de la cinquantaine représentent 54% de la base électorale républicaine, et la moitié des électeurs démocrates.
À l’opposé du spectre, les démocrates attirent 54% des milléniaux, le groupe électoral qui représente maintenant la plus importante proportion de la population américaine. Seuls 38% de ces milléniaux ont l’intention de voter républicain en novembre.
Genre et religion
Le fossé continue de se creuser: près de six femmes sur 10 se ranger du côté des démocrates, mais ce même parti n’attire que 42% des hommes. La différence est encore plus marquée chez ceux qui ont complété au moins quatre années d’université. Là où 65% des femmes seront portées à donner leur vote au candidat démocrate à la présidentielle, Joe Biden – et aux autres candidats du parti dans le cadre des élections aux autres paliers gouvernementaux –, à peine 48% des hommes pensent faire de même.
Et du côté des croyances religieuses, le paysage américain continue de se transformer à vitesse grand V. Alors que la proportion de chrétiens continue de diminuer, à peine plus de la moitié (52%) des électeurs démocrates se disent chrétiens; en 2008, ce taux atteignait 73%.
Parallèlement, le taux d’électeurs démocrates qui disent ne pas avoir de religion, précise le Pew Research Center, est passé de 18 à 38% pendant la même période.
Chez les républicains, qui s’appuient généralement sur des valeurs religieuses, l’électorat se dit chrétien à 79%, comparativement à 87% en 2008. Malgré tout, la tendance baissière semble là pour rester.