Alors que le Québec voit sa courbe de cas de coronavirus redescendre progressivement, les experts, comme partout ailleurs dans le monde, continuent de craindre une deuxième vague. Le Détecteur de rumeurs s’est demandé quelle forme pourrait prendre cette vague… ou ces vagues.
Qu’est-ce qu’une deuxième vague?
On parle de deuxième vague lorsque le nombre de nouveaux cas de coronavirus, après avoir diminué pendant un certain temps — voire, être tombé à zéro — recommence à augmenter. Une deuxième vague peut également survenir après une longue période pendant laquelle le nombre de cas s’était stabilisé — un plateau, en quelque sorte.
Les grandes épidémies de grippe dans le passé ne se sont pas limitées à une seule vague. La deuxième vague de la pandémie de 1918 fut ainsi plus meurtrière que la première. La grippe asiatique H2N2 de 1957 et la grippe de Hong Kong H3N2 de 1968 en ont également connu plus d’une.
Les raisons d’une deuxième vague peuvent être nombreuses : le virus se remet à circuler au fur et à mesure que les mesures de confinement sont levées. Ou bien des voyageurs ramènent le virus de l’étranger. Ou bien sa propagation est facilitée par le retour du froid, alors que les gens se retrouvent plus souvent à l’intérieur. Ou bien, le virus a subi une mutation qui le rend plus contagieux.
Pourrait-il y avoir plus de deux vagues? Oui
Rien n’indique toutefois que la deuxième vague — évoquée par beaucoup de modèles depuis des semaines— doive être semblable à la première… ni qu’elle doive être la seule! Certains experts évoquent en effet des scénarios marqués par une succession de vagues de tailles inégales. Dans un rapport publié le 30 avril, l’épidémiologiste Michael Osterholm, de l’Université du Minnesota, et trois de ses collègues décrivent trois scénarios.
Le premier prévoit plusieurs vagues, de moins en moins fortes, qui diminueront graduellement jusqu’à la fin de 2021. Ces pics subséquents pourraient varier considérablement d’un pays à l’autre et même d’une région à l’autre, tout dépendant des mesures prises par chaque gouvernement.
Le deuxième scénario prévoit une deuxième vague encore plus forte que la première — celle que nous venons de traverser — qui surviendrait à l’automne ou à l’hiver, suivie d’une ou de plusieurs petites vagues. Ce modèle se rapprocherait de celui de la pandémie de grippe de 1918. Ce modèle est aussi celui qui pourrait le plus forcer les États à réinstaurer des mesures de confinement.
Le troisième scénario montre un seul pic intense au printemps — le nôtre — suivi par des petits hauts et bas successifs, sans apparition de pics évidents. Ce scénario ne nécessiterait pas de mesures de confinement aussi sévères, mais il n’en demeure pas moins que l’on continuerait d’assister à un nombre indéterminé de nouveaux cas, d’hospitalisations et de décès au cours des 18 à 24 prochains mois, écrivent les auteurs du rapport. Un scénario similaire est décrit dans un rapport du Collège impérial de Londres paru en mars. Il imagine lui aussi de telles vagues s’étendant jusqu’à la fin de 2021, voire au début de 2022.
L’Américain Marc Lipsitch, qui a cosigné le rapport du 30 avril, est aussi signataire d’un autre article paru le 22 mai dans Science. On y lit que la possibilité que la vague actuelle soit la seule existe bel et bien, comme ce fut le cas du SRAS en 2003. Mais il décrit ce scénario comme peu probable. La COVID-19 et le SRAS sont très différents, notamment dans la facilité de transmission entre les personnes,
Quand aura lieu la deuxième vague? On ne sait pas
La transmission du virus et l’arrivée ou non d’une deuxième vague dépendent de plusieurs facteurs : à quel point les températures chaudes de l’été auront-elles une influence sur le degré de transmission du virus ; pendant combien de temps une personne reste-t-elle immunisée après avoir été atteinte ; le degré d’immunité croisée avec les autres types de coronavirus; l’intensité et la planification des mesures de contrôle; et la réaction des citoyens face aux mesures proposées ou imposées.
Une deuxième vague pourrait survenir l’automne ou l’hiver prochain, alors que nous serons davantage à l’intérieur. Mais l’Institut national de santé publique du Québec a même évoqué la possibilité d’une deuxième vague dès juillet.
Prévoir lequel de ces scénarios l’emportera est pour le moment impossible. Dans tous les cas, plusieurs épidémiologistes craignent que nous devions vivre avec le virus pendant plusieurs mois, ou même des années, aussi longtemps qu’un vaccin efficace n’aura pas été développé, ou qu’un pourcentage suffisant de la population n’aura pas développé une immunité au virus.