Huit ans après la sortie d’un premier album ayant conquis la critique comme les lecteurs, Oriol et Zidrou font de nouveau équipe pour le second tome de La Peau de l’ours, une suite thématique à la bande dessinée de 2012.
Lors d’un paisible pique-nique à Spiagge à la fin du mois d’août, Andrea Montale, âgé d’à peine quinze ans, assiste impuissant au meurtre sauvage de son père et au viol de sa mère, qui se suicide quelques instants après en se jetant du haut de la falaise. L’adolescent est alors recueilli par le seigneur Damiani, un homme qui se présente comme un lointain cousin de son père, mais qui est en fait un criminel redouté, mieux connu sous le nom de Don Orso. Tandis que le mafioso l’accueille au sein de sa famille et lui enseigne toutes les nuances de la violence afin d’en faire un « virtuose de la gâchette », Andrea tombe amoureux d’Aurelio, le fils de Don Orso. Dans l’Italie des années 1930, l’orphelin devra tout mettre en œuvre pour dissimuler cette liaison homosexuelle, mais il finira par constater qu’il n’est pas le seul à cacher un terrible secret, dont la découverte pourrait s’avérer fatale…
Tout en renouant avec l’Italie des années 1930 et en présentant une nouvelle histoire d’amour et de trahison se déroulant dans l’ombre de la mafia, La Peau de l’ours – tome 2 n’est pas une suite directe, mais plutôt une suite thématique. Il n’est donc pas nécessaire d’avoir lu l’album précédent pour apprécier ce second opus (quoi que, vous devriez, c’est vraiment très bon). Cette fois-ci, le titre ne fait pas référence à un véritable ursidé, mais bien à Don Orso, un mafieux au physique d’ours dont la passion pour le miel lui a valu ce surnom. C’est avec plaisir qu’on renoue avec la plume de Zidrou et son talent pour les phrases joliment tournées, comme : « Des choses du sexe, je ne savais pour ainsi dire que ce que ma main droite m’en avait appris », ou encore « Les balles, c’est pas comme les cadeaux : ça fait mal quand on les reçoit ».
Qualifié de « peintre catalan de la bande dessinée », Oriol a pris du métier durant les huit ans séparant ces deux parutions, et s’il délaisse les personnages anguleux aux faciès exagérés qui peuplaient le premier volume, ses illustrations trahissent une forte influence impressionniste dans ce deuxième tome de La Peau de l’ours. Ses crayonnages fougueux et expressifs esquissent aussi bien les paysages bucoliques, dont les plages de l’Adriatique, les petites villas idylliques entourées de bougainvillées, ou un lit flottant dans la mer au coucher du soleil, que les scènes plus intenses, teintées de violence brute et de sexe. Possédant un sens inné du drame, il met par exemple en scène le vol du chapeau de la mère d’Andrea sur quatre cases, après que cette dernière se soit jetée du haut de la falaise.
Que vous soyez familier ou non avec la série, ce second tome de La Peau de l’ours conviendra à tous ceux et celles qui aiment les bandes dessinées adultes, avec son histoire d’amour amorale et cynique aussi bien écrite qu’illustrée.
La Peau de l’ours – tome 2, de Oriol et Zidrou. Publié aux éditions Dargaud, 64 pages.