Confronté à un réseau social qui a finalement – et très timidement – réagi au torrent de mensonges, de demi-vérités et de messages manipulateurs qu’il y déverse tous les jours, le président américain Donald Trump a signé jeudi un décret visant à retirer à Twitter, mais aussi aux autres réseaux sociaux, certaines protections juridiques les empêchant d’être poursuivis pour le contenu qui est publié sur leurs plateformes.
Pour le bouillant locataire de la Maison-Blanche, la goutte d’eau qui a fait déborder le vase s’est matérialisée plus tôt cette semaine, quand Twitter a ajouté, à deux messages présidentiels mensongers à propos du vote par correspondance, qu’il était possible « d’obtenir les faits » à propos de cette méthode remplir son devoir citoyen lors de la prochaine élection présidentielle, en novembre.
Immédiatement, M. Trump a tempêté sur Twitter, sa plateforme favorite, pour affirmer que l’entreprise « faisait preuve d’un biais politique », et que le réseau social « tentait de faire dérailler la présidentielle ».
De son côté, Twitter a réagi en ligne, en affirmant avoir ajouté les notifications « dans le cadre de nos efforts pour faire respecter notre politique sur l’intégrité civique. Nous croyons que ces tweets pourraient faciliter la confusion chez les électeurs à propos de ce qu’ils ont besoin de faire pour recevoir un bulletin de vote et participer au processus électoral ».
Selon le New York Times, l’avenue empruntée par le président pour tenter de restreindre les capacités d’intervention de Twitter (et Facebook), soit la réévaluation d’une disposition du Communications Decency Act, une loi adoptée en 1996 aux États-Unis, pourrait bien se retourner contre le chef de l’État. Car sans possibilité de s’appuyer sur ladite disposition pour ne pas devoir intervenir plus fermement lorsque des contenus contraires aux politiques des entreprises sont publiés, Twitter et Facebook pourraient adopter une attitude beaucoup moins tolérante face à, par exemple, un certain chef d’État qui publie parfois jusqu’à plusieurs messages mensongers, voire haineux, sur ces mêmes plateformes.
Plusieurs experts juridiques consultés par le Times croient par ailleurs que si le président tentait effectivement de museler Twitter et Facebook, le geste serait promptement contesté devant les tribunaux, notamment en vertu du premier amendement de la constitution américaine, qui garantit la liberté d’expression.
Twitter, entre temps, a poursuivi ce qui pourrait bien être une campagne visant à redorer son image, mais aussi à mettre un peu d’ordre sur sa plateforme: jeudi soir, a indiqué Reuters, l’entreprise a « vérifié les faits » contenus dans un tweet remontant au mois de mars où un porte-parole du gouvernement chinois a soutenu, de façon mensongère, que la COVID-19 provenait du territoire américain. Signe, contrairement à ce qu’a soutenu le président Trump, que l’entreprise n’entend pas uniquement cibler les messages du chef d’État américain.
SVGA #02: Phantasmagoria and all the cringe-inducing FMV era