Le temps n’est plus aux accusations de manque de transparence, aux allégations infondées sur la possible origine du nouveau coronavirus dans un laboratoire américain ou chinois, ou encore aux rumeurs sur la course folle pour s’assurer qu’un État, plus qu’un autre, obtienne la plus grande part des premiers vaccins qui seront produits contre la COVID-19: les 194 pays membres de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ont adopté mardi une résolution réclamant une « évaluation indépendante » de la réponse internationale, en plus d’exiger que le futur vaccin soit distribué de façon « équitable ».
Les relations internationales sont en effet de plus en plus entre certains pays, notamment les États-Unis et la Chine, entre qui brûle le torchon depuis l’éclatement de la pandémie, et dont les dirigeants s’accusent mutuellement d’être responsables de la dissémination de la maladie. Washington s’en est aussi pris à l’OMS elle-même, l’accusant d’avoir tardé à agir, d’avoir dissimulé des informations importantes, ainsi que d’avoir été à la botte de la Chine. Le patron de l’OMS s’est d’ailleurs défendu de toute malversation dans ce dossier, et d’autres experts médicaux ont largement déboulonné les accusations lancées par le président américain Donald Trump dans une longue lettre émaillée de mensonges où le bouillant occupant de la Maison-Blanche exige de vastes réformes de l’OMS « dans les 30 jours » pour ne pas définitivement suspendre le financement américain de l’agence onusienne, qui tourne autour de 400 millions de dollars.
Pourtant, lors de la rencontre virtuelle lancée mardi, tous les pays membres ont adopté la résolution réclamant une enquête « impartiale, indépendante et complète » de l’action internationale coordonnée par l’OMS engagée face à la pandémie. L’objectif est aussi d’examiner les enseignements tirés de la réponse sanitaire internationale coordonnée par l’OMS lors de la pandémie de la COVID-19, en vue d’améliorer « les capacités mondiales de prévention, de préparation et de riposte face aux pandémies », peut-on lire dans un résumé du texte publié sur le site internet des Nations unies.
La veille, le directeur général de l’OMS, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, s’est engagé, à lancer « au moment approprié » une évaluation indépendante sur la gestion de la pandémie. Mais le chef de l’OMS avait également précisé qu’une telle initiative devrait « inclure la totalité de la réponse par tous les acteurs, de bonne foi » et que chaque pays devrait examiner sa réponse et tirer les leçons de son expérience.
En adoptant un tel texte, les pays membres de l’organisation ne s’engagent pas trop profondément dans une ornière aux accents politiques dont il serait difficile de s’extraire. Une enquête comme celle réclamée par la résolution adoptée mardi serait vraisemblablement encadrée étroitement par les autorités des différents pays membres, les divers gouvernements de la planète voyant probablement d’un mauvais oeil le fait que des inspecteurs étrangers puissent avoir accès, par exemple, à des documents plus délicats, notamment les stratégies précises des États pour juguler la pandémie.
En Chine, notamment, les premières semaines de contamination sont particulièrement floues, en raison de la volonté des autorités de taire les premières informations sur l’apparition d’une nouvelle maladie particulièrement contagieuse et dangereuse. Pareillement, les Américains risquent de traîner de la patte pour fournir des informations précises, d’autant plus que le président Trump désire que la réponse de son administration face à la pandémie puisse être citée en exemple lors de la campagne électorale en cours en prévision de la présidentielle de novembre.
Vaccin équitable et abordale
Autre aspect des négociations entamées mardi, les pays membres de l’OMS ont réclamé un accès juste à un futur vaccin « équitable et abordable », et ainsi éviter que les pays aux poches les plus profondes reçoivent d’abord le remède contre la COVID-19, au détriment des États moins fortunés, ou des adversaires politiques.
Il y a quelques semaines, il avait été rapporté que l’administration Trump avait tenté de s’assurer que le vaccin en phase de test par une compagnie pharmaceutique allemande, s’il débouchait sur un remède viable, serait réservé au peuple américain. Après la fuite de cette information dans les médias, l’un des dirigeants de l’entreprise en question a démenti les rumeurs, mais celles-ci ont été confirmées par des sources haut placées, ainsi que par au moins un député allemand.
Jusqu’à maintenant, la pandémie de COVID-19 a fait au moins 315 000 morts, et a contaminé plus de 4,7 millions de personnes.