Le Diamond Princess restera dans les annales de l’épidémiologie: ce navire de croisière a « hébergé » les premières études sur la contamination par la COVID-19, avec quelque 700 passagers touchés.
Cela a permis de toucher du doigt combien le virus était contagieux, fourni des estimations sur la gravité de la maladie et même permis aux chercheurs d’en apprendre un peu plus sur ceux qui partageaient l’infection, même s’ils n’avaient pas de symptômes. Un tel milieu clos et isolé s’avère en effet une source importante d’informations scientifiques, rapporte un article de Nature.
Un environnement fermé est également un lieu crucial pour étudier le comportement d’un virus encore inconnu —et spécialement un navire de croisière dont la clientèle est composée d’une forte proportion de personnes âgées, plus vulnérables à la maladie.
Le 1er février dernier, un passager qui avait quitté le Diamond Princess à Hong Kong quelques jours plus tôt, est testé positif à la COVID-19. Le navire est mis en quarantaine deux jours plus tard, à son arrivée dans les eaux japonaises, avec à son bord, 3711 passagers et membres d’équipage. Au cours du mois suivant, 700 personnes seront infectées. Pendant des semaines, ce navire sera l’endroit de la plus importante épidémie en-dehors de la Chine.
Les chercheurs japonais ont réalisé plus de 3000 tests sur le navire, en commençant par les passagers les plus âgés et ceux qui présentaient des symptômes. Certains ont passé plus d’une fois ces tests, ce qui a permis d’avoir un aperçu de la « ligne de temps » du virus — pendant combien de jours une personne a-t-elle des symptômes, pendant combien de temps est-elle contagieuse, etc. Et qu’en est-il des personnes qui présentent peu ou pas de symptômes — ces cas qui passent souvent inaperçus dans la population générale.
Résultat: sur toutes les personnes infectées, près d’une sur cinq (18%) ne présentait aucun symptôme. Comme le navire rassemblait une forte proportion de personnes âgées plus susceptibles d’être gravement malades, les experts pensent que le pourcentage des cas asymptomatiques pourrait être plus important dans la population générale.
Le taux de décès s’est établi à 1,1%, et les chercheurs estiment que le taux de mortalité par infection en Chine serait plus faible, soit 0,5%.
L’épidémie à bord de ce navire a aussi permis de tester l’efficacité des mesures rigoureuses de confinement. À partir du 5 février, les passagers ont dû rester dans leurs cabines pendant au moins 14 jours. Avant le début de cette quarantaine, une personne pouvait en infecter plus de 7 autres; un taux de contagion très élevé en raison de la grande proximité mais aussi des surfaces possiblement infectées.
Immédiatement après le confinement, le nombre moyen d’infections possibles est tombé en-dessous de un —ce qui est l’objectif visé par la plupart des politiques gouvernementales de confinement et démontre l’efficacité de cette mesure, peut-on lire dans une récente étude.
Reste que la mesure n’est pas facilement transposable à un autre milieu de vie et qu’il serait difficile d’extrapoler cette expérience à une ville.
Depuis l’infection du Diamond Princess, au moins 25 autres navires de croisière ont confirmé des cas de Covid-19, y compris 78 cas sur le Grand Princess, mis en quarantaine au large de la Californie. Les passagers qui ont parfois débarqué précocement ont aussi contribué à des éclosions aux États-Unis et ailleurs.