À l’instar de Crazy Rich Asians, The Photograph s’amuse à diversifier les balises habituellement très préconçues de Hollywood pour offrir une romance afro-américaine faite par et pour la culture à laquelle le film s’intéresse. Sans être mémorable, l’œuvre d’un naturel désarmant est menée de front par l’impressionnante domination méritée de Issa Rae et LaKeith Stanfield, qu’on voit de plus en plus un peu partout. Le film implique ainsi un visionnement doux et délicat tout désigné à s’offrir finalement chez soi.
Une jolie romance qui traverse les époques en s’intéressant au développement de ses personnages? Oui. Une romance afro-américaine authentique qui évite la caricature et le cabotinage, ou le mélodrame exagéré de la lignée des films de Tyler Perry? Également.
Plus délicat que le moyenne, prenant son temps d’établir les lieux, les personnages, leurs fonctions et l’importance de ce qui les unit, The Photograph est certainement un projet plus personnel et du coup plus accompli pour la cinéaste Stella Meghie. Surtout considérant la risée qu’a provoqué Everything, Everything, une entrée de trop du côté du thème des films d’ados.
En laissant toute la place à ses têtes d’affiche dans des rôles élargissant leur palette de jeu, le film respire sans mal. Bien sûr, la distribution est tapissée de jolis personnages secondaires interprétés avec enthousiasme par les nombreux Lel Rel Howery, Teyonah Parris, Chelsea Perretti, Kelvin Harrison Jr., Rob Morgan, Jasmine Cephas Jones et on en passe. Sauf qu’on ne délaisse jamais la belle chimie que laissent éclater la pétillante Issa Rae, loin de ses registres plus humoristiques habituels, et LaKeith Stanfield, dont le talent est toujours aussi naturel depuis le trop peu vu Short Term 12.
Unis par le décès d’une talentueuse photographe, un jeune journaliste s’entiche rapidement de la fille de l’artiste, pendant qu’ils découvrent peu à peu de petits secrets qui en cachent d’autres.
Divaguant entre New York et la Louisiane, le film fait la part belle aux dialogues, mais aussi à son entraînante trame sonore autant du côté des compositions originales de Robert Glasper que de l’excellente sélection de chansons qui contient notamment du Al Green. Comment résister à la romance qui se développe sur fond de For the Good Times?
Et si les paysages et les lieux demeurent toujours à l’arrière-plan des actions, avouons que tous les films devraient au moins avoir une scène en Louisiane, tellement tout y est différent et magnifique, à sa façon.
Bien sûr, le fossé creusé entre les enfants et leurs parents n’est probablement pas le plus développé. Les passages dans le temps ne sont donc pas aussi intéressants que ceux se déroulant à notre époque. Par ailleurs, même s’il est difficile de se détacher de l’irrésistible Issa Rae, il n’en demeure pas moins que le film s’écoute sans mal, livrant une romance classique, mais soignée et surtout originale à se mettre sous la dent.
L’édition convenue contient également une traduction française et quelques rares suppléments, soit trois segments allant jusqu’à cinq minutes parlant du projet, de l’aspect culturel du film, mais aussi de la signification des photos.
The Photograph ne change rien, certes, mais c’est une jolie entrée dans les romances. Une écoute toute désignée pour réchauffer les cœurs et, à l’occasion, leur permettre de battre un peu plus rapidement. C’est aussi une belle façon de s’ouvrir à une autre réalité que celle qu’Hollywood nous présente habituellement et une belle confiance de croire à un tel projet, un virage qu’on doit certainement au succès qu’a su se bâtir Jordan Peele ces dernières années.
6/10
The Photograph est disponible en DVD et en combo blu-ray et DVD depuis ce mardi 12 mai.