Même après le décès, la COVID-19 continuerait de veiller, rapporte le Scientific American. Un premier cas d’infection post-mortem vient en effet d’être signalé. De quoi faire en sorte que les procédures de désinfection en usage dans les salles d’opération soient aussi appliquées dans les unités de pathologie et médicolégales.
Ce sont deux professionnels en médecine légale de Thaïlande qui auraient attrapé le virus d’un patient décédé, selon une nouvelle étude parue (mais non révisée par les pairs) dans le Journal of Forensic and Legal Medicine. L’un d’eux, le médecin légiste, est par la suite décédé du virus, marquant ainsi le premier cas connu d’infection et de décès parmi le personnel médical d’une unité de médecine légale, écrivent les chercheurs.
En date du 19 mars, près de 272 personnes en Thaïlande, dont ce médecin et une infirmière, avaient été déclarées positives. La plupart de ces cas provenaient de l’étranger et non de la communauté. La probabilité serait donc faible que le médecin ait attrapé le coronavirus en dehors de son travail. De plus, les scientifiques pensent qu’une dépouille pourrait être contagieuse durant quelques heures ou même quelques jours.
Si tel est le cas, il n’est pas surprenant que ce type de médecins puissent l’attraper. Le virus pourrait, par exemple, être encore présent dans les sécrétions respiratoires et pourrait encore se reproduire dans les cellules des poumons.
Sa longévité dans les dépouilles, encore inconnue, pose également des défis aux travailleurs de l’industrie funéraire, relève le magazine The Atlantic. Une hausse des dépouilles doublée d’une forte hausse des crémations, un manque de communication et de consignes claires, le tout en tentant de conjuguer la nécessaire distanciation avec une tout aussi nécessaire empathie: le travail de ces employés ne s’avère pas toujours facile avec l’inquiétude de la contagion qui règne.
À la lumière de cette étude, les scientifiques recommandent aux pathologistes et aux professionnels de prendre un certain nombre de précautions lors de l’examen de patients décédés de la COVID-19. Ainsi, les experts judiciaires devraient porter un équipement de protection, y compris une combinaison, des gants, des lunettes, une casquette et un masque.
Reste qu’en général, les agents pathogènes ne survivent pas assez longtemps pour se propager aux vivants. Mais certaines épidémies ont démontré que cela restait parfois possible: la tuberculose, le VIH, l’hépatite B et C, la fièvre typhoïde, le choléra ou encore les infections intestinales, figurent dans la liste des maladies infectieuses qui subsistaient suffisamment longtemps dans les défunts pour se transmettre à l’occasion aux vivants.