La banlieue, c’est mal. Le saviez-vous? Oh, et la maternité aussi, semble-t-il. Voilà ce qui se dégage de Vivarium, un étrange thriller belgo-irlando-danois réalisé par Lorcan Finnegan, et mettant en vedette Imogen Poots et Jesse Eisenberg.
À la recherche d’une première maison, le couple formé par nos protagonistes tombe sur Yonder, un nouveau développement que l’on suppose être en banlieue, mais qui est en fait « juste assez proche, mais aussi juste assez loin ». Guidés par un agent immobilier ressemblant probablement à ce à quoi auraient l’air des humains produits par IKEA, ou encore à un missionnaire sur les stéroïdes – Jonathan Aris, toujours aussi délicieusement déjanté –, les deux amoureux tombent dans ce qui ressemble bien à un monde en-dehors de notre propre univers.
Toutes les maisons de Yonder sont parfaitement identiques: de parfaits petits pavillons de banlieue qui sembleraient presque accueillants, si ce n’était, eh bien, du fait qu’il n’y a que cela tout le long de toutes les rues. Pour les amateurs d’Astérix, pensez aux maisons en rangée d’Astérix chez les Bretons, là où la description d’une maison n’aurait pas suffit à la différencier des autres.
Nos deux amoureux ont à peine le temps de terminer leur visite que leur guide a disparu. Et pas moyen de sortir de Yonder: même en roulant pendant des heures, ou en tentant d’atteindre les limites du projet résidentiel, on en revient toujours à la même maison, le fameux numéro 9. Quelque temps plus tard, en plus du ravitaillement quotidien livré mystérieusement dans une boîte en carton que l’on ne voit jamais personne déposer, ni reprendre, les deux adultes trouveront un jeune bébé. « Élevez-le et obtenez votre libération », est-il écrit à l’intérieur du rabat.
Commence alors ce qui est probablement la meilleure partie du film: l’enfant, joué par Senan Jennings, a toutes les apparences d’un être humain, mais son comportement est tout ce qu’il y a de plus étrange. Les deux amoureux sont confrontés à ce qui était probablement une peur ancrée de la parentalité, le tout dans un contexte complètement extraordinaire. Faut-il élever cette « chose » comme un humain? Et ce, même si l’être en question n’est clairement pas un enfant de la même espèce? Pendant que le personnage d’Imogen Poots (dont on aura oublié le nom, mortellement banal) est confrontée à cette réalité, Jesse Eisenberg, lui, continue de creuser le sol devant la maison… jusqu’à ce qu’il y fasse une macabre découverte.
C’est là, probablement, que l’oeuvre déraille. On n’avait déjà fourni que très peu d’informations sur la structure et le fonctionnement de ce monde; voilà que l’on multiplie les retournements de situation franchement étranges, les nouveautés lancées au visage du spectateur, et les déclarations et les agissements bizarres, le tout sans donner aucune explication supplémentaire. Sans exiger, bien sûr, que l’on nous prenne par la main pour bien nous faire comprendre l’univers dans lequel on se trouve, il est avisé de nous permettre de saisir un peu les tenants et aboutissants d’une situation, si l’on veut être en mesure d’apprécier le film à sa juste valeur. Ici, Vivarium ne fait rien de tout ça, et le long-métrage se termine après les 90 minutes réglementaires, sans que l’on puisse affirmer que l’on tire une quelconque satisfaction de l’oeuvre, ou, à tout le moins, que l’on ait eu l’impression d’apprendre quelque chose.
Restez loin des banlieues, bref. D’autant plus qu’en ce moment, tout le monde devrait rester loin de quoi que ce soit!