Il se sera battu jusqu’au bout, mais la deuxième fois n’aura pas été la bonne: le sénateur « socialiste » du Vermont, Bernie Sanders, a annoncé mercredi qu’il abandonnait la course à l’investiture démocrate en vue de l’élection présidentielle américaine de novembre. C’est donc l’ex-vice-président Joe Biden, qui dispose d’une forte avance dans la course aux délégués, qui affrontera le président Donald Trump cet automne.
« La bataille pour la justice se poursuit », a déclaré l’ex-candidat lors d’une allocution présentée en ligne, en fin d’avant-midi. « Je veux remercier les millions de personnes qui ont donné en moyenne 18 dollars et quelques cents », a poursuivi celui qui s’est toujours vanté de ne pas accepter les contributions des grands donateurs, mais qui s’appuyait plutôt sur les « Américains ordinaires » pour faire progresser sa campagne.
« Les vrais obstacles au changement, ce sont toujours l’establishment économique et politique », a poursuivi M. Sanders, en parlant de l’assurance-santé universelle et d’un environnement propre comme d’un « droit humain », avant d’évoquer l’égalité économique, l’accès à la justice et le combat contre le racisme, entre autres enjeux politiques.
« Dans tous les États, la majorité des Américains comprend que nous devons hausser le salaire minimum, offrir l’assurance-santé universelle, combattre la pollution… Autrefois, ces idées semblaient radicales. Aujourd’hui, elles font partie de ce qui est considéré comme le strict minimum. »
« L’avenir de ce pays s’appuie sur nos idées », a ajouté M. Sanders.
Combat de longue haleine
La course aura été serrée pendant longtemps: alors même que le nombre de candidatures démocrates atteignait un record, avec près d’une trentaine de personnes lancées dans ce marathon électoral américain, Bernie Sanders avait réussi à se distinguer avec son important programme de réforme, qu’il s’agisse d’une meilleure redistribution de la richesse aux États-Unis, d’une taxe sur les mieux nantis, d’une reconstruction en profondeur du système de santé pour offrir l’assurance-maladie à tous, ou encore de l’annulation des dettes des étudiants universitaires – ceux-ci cumulant des emprunts de plus de 1000 milliards de dollars.
S’il était l’aîné de la course, à 78 ans – un an seulement de plus que Joe Biden, son principal adversaire –, il s’était entouré d’une équipe jeune symbolisant le renouveau, notamment de la représentante Alexandria Ocasio-Cortez, égérie de la gauche progressiste, mais aussi personnification, aux yeux des républicains, et de bien des démocrates modérés, d’une « prise de pouvoir » du Parti démocrate par les « extrémistes ».
Parti en lion, avec d’importants gains lors des premières joutes dans le Nord-Est américain, et plus tard en Californie, par exemple, Bernie Sanders n’aura cependant jamais réussi à convaincre l’électorat noir de voter pour lui, ces citoyens américains ayant plutôt accordé leur confiance à Joe Biden.
Avec l’abandon de Bernie Sanders, déjà battu en 2016 par Hillary Clinton, elle aussi le premier choix de l’establishment du Parti démocrate, à l’époque, c’est un programme tout à fait centriste qui sera présenté par Joe Biden. Celui-ci a déjà mentionné certaines réformes, comme un plus grand accès aux services de santé et une lutte plus serrée contre les changements climatiques, mais sans donner beaucoup de détails sur ces plans. Il a également déclaré, dans la foulée de la pandémie et des appels à s’attaquer aux profondes inégalités socio-économiques grevant le tissu politique et social américain, que « le niveau de vie » des personnes fortunées ne changerait pas s’il était élu à la Maison-Blanche, en novembre.
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