Agressif, accrocheur, violent, dément. Le trio des Grizzled Mighty, originaire de la région de Seattle, sur la côte ouest américaine, propose Confetti Teeth, un disque complètement fou. À travers la guitare déjantée, les voix discordantes, la batterie qui passe près de nous assommer à chaque note, ce cinquième album est parfait pour atteindre un nouveau niveau d’existence. Ou décaper ses murs, si besoin est.
Tout commence avec un tempo rapide pour la batterie. Puis la basse, enivrante. Enfin, voilà la guitare, les cordes que l’on imagine vibrer, tout comme le plancher sous les assauts des amplis. Ainsi débute Rewind, première pièce de cette nouvelle proposition de hard rock – n’oubliez pas de mettre l’accent sur le hard, ici. Tout bouge, tout vibre, en flirtant au passage avec la musique psychédélique, quelque chose qui évoque à la fois les années 1960, l’époque plus yé-yé et plus réussie des Dandy Warhols (période Thirteen Tales from Urban Bohemia, s’il-vous-plaît!), et les expérimentations musicales du Black Rebel Motorcycle Club.
Sur le site de leur agence artistique, les trois membres de Grizzled Mighty sont juchés sur des chevaux, chapeau de cowboy bien vissé sur le crâne, dans un décor évoquant les zones industrielles laissées de côté lors d’une quelconque opération de restructuration. Et, en un sens, cette image colle parfaitement à leur musique. Un rock à la fois moderne et passéiste, un bon gros son qui évoque la barbe, la fourgonnette Westfalia qui tient un peu par la peur, mais aussi une sensualité certaine, l’alcool qui instille le feu dans les veines, la goutte de sueur qui souligne un muscle, plonge dans des profondeurs moites et invitantes.
Confetti Teeth, c’est donc cette invitation au voyage sur une route à moitié défoncée; ce bar un peu miteux, sur le bord du chemin, qui s’avère être l’arrêt le plus enlevant de l’aventure; ce coup d’accélérateur sur l’autoroute, alors que rien n’arrête les passagers ayant décidé de se lancer.
Gare à se frotter peut-être de trop prêt à ces album à la repousse drue, cependant; lancer la lecture de la première pièce est facile, mais une fois terminée l’écoute du dixième titre, Loose Ties, il y a risque de douleurs au cou d’avoir trop hoché la tête en rythme avec la musique. Il y a aussi danger de devoir reprendre son souffle quelques fois pendant le disque, tant l’énergie dégagée est intense. The Grizzled Mighty propose du rock à l’état pur, de la bonne grosse musique bien sale qui fait oublier tout le reste, et qui fait danser jusqu’à l’épuisement sur n’importe quel plancher – de préférence une série de latte de bois un peu croches d’un appartement vieillot du Plateau-Mont-Royal.
À s’injecter dans les veines dès que possible.
En fait, il faudra attendre jusqu’au début juin, le lancement de l’album chez Freakout Records, prévu ce mois-ci, ayant été malheureusement reporté.