Il n’aura fallu patienter que quelques courts mois pour que Magic Sword, le trio de musique électro-fantastique (dans le sens de dragons, épées laser et autres magiciens aux robes couleur néon), présente son plus récent album, Endless. Il ne faut effectivement remonter qu’à novembre dernier pour se rappeler la sortie d’Awakening, deuxième véritable chapitre de cette saga du héros pur et juste luttant contre les forces du mal, son épée magique à la main.
Endless, donc, troisième étape de cette grande histoire éternelle. Avec bien sûr, en prime, une nouvelle déclinaison de la bande dessinée qui vient accompagner la dizaine de titres de ce nouvel album. La morale de la bande dessinée est d’ailleurs relativement simple: lorsque la Noirceur est sur le point de prendre le dessus sur la Lumière, les gardiens de l’épée magique feront leur apparition pour armer le Bien contre le Mal. Gare, toutefois, à ne pas se laisser corrompre par le gigantesque pouvoir qui se trouve dans cette lame magique, car une fois le premier pied posé sur le chemin menant à la déchéance morale, les protecteurs de l’arme auront tôt fait de récupérer leur dû, au détriment de la vie de son propriétaire…
La musique de Magic Sword a toujours évoqué cet univers médialo-fantasiste où coexistent des personnages tout à fait humains, mais aussi des monstres et des pouvoirs magiques surprenants. De fait, les accords électroniques des albums du trio sont bien souvent colorés; les notes évoquent non seulement des images, notamment des combats à mort entre des créatures mystérieuses, mais aussi des pulsations d’un rouge sombre dans la pièce Corruption, par exemple, sur Endless. Ou encore des flashs jaunes, verts et bleus lorsque le rythme – et le ton – de la musique sont plus optimistes, plus enjoués, plus enlevants. Impossible, donc, de séparer la musique de l’aspect visuel du groupe, que ce soit ces bandes dessinées qui sont fournies avec les disques, ou encore les couleurs éclatantes des masques portés par les membres du trio.
Et s’il y a certainement ces pièces au rythme plus marqué, justement, ainsi que des chansons plus calmes… bref, si l’on peut sans difficulté aucune suivre le déroulement de l’intrigue de ce troisième album, sans nécessairement devoir aller au-delà des partitions et des titres eux-mêmes, il y a quelque chose de légèrement décevant, dans cet Endless. Sans pouvoir véritablement mettre le doigt dessus, on a l’impression que les créateurs ont tenté de rapidement récupérer des chansons qui n’avaient pas été conservées pour Awakening, et qu’ils ont donc cherché à produire quelque chose rapidement, histoire de combler un vide.
Lorsque l’on écoute les divers morceaux, on constate en effet que plusieurs d’entre eux s’appuient sur le même rythme lancinant, cette sorte de mélodie en deux temps qui ne débouche pas vraiment sur quelque chose de concret. Bien entendu, le concept de musique populaire (et l’électro « grand public » de Magic Sword est ici considérée comme de la musique populaire) s’appuie sur des bases communes, à savoir, justement, une structure en deux ou quatre temps (voire en 16 temps en électronique, si l’on souhaite véritablement ergoter), mais à l’exception de quelques pièces, notamment la première, Depths of Power et A New Quest, les différentes chansons d’Endless se ressemblent trop pour que l’écoute soit plus qu’un divertissement agréable en attendant la suite.
On semble constamment attendre quelque chose, sans savoir vraiment de quoi il s’agit. Est-ce simplement une nouvelle série de notes? Un développement scénaristique? Le retour inattendu d’un ennemi? On l’ignore.
Cela ne veut pas dire qu’Endless n’est pas intéressant, ou que Magic Sword ait perdu, eh bien, son petit côté magique. Les séances de mix de musique présentées gratuitement en ligne, en réaction à l’annulation de la tournée en raison de la pandémie, le prouvent: les gars de Magic Sword ont de l’énergie et de l’imagination à revendre. On a toutefois l’impression que cette imagination était quelque peu aux abonnés absents lorsqu’est venu le temps de monter Endless.