La panique face à une épidémie fait de bonnes images à la télé. Mais la complaisance est, en réalité, davantage répandue, et peut faire davantage de dommages.
C’est l’opinion qu’émet le psychologue israélien Ido Erev, spécialiste des sciences du comportement. Il rappelle tout d’abord, études à l’appui, que contrairement à la croyance populaire, seule une minorité de gens panique ou même « réagit de façon excessive » devant une crise: 10 à 30%, tout dépendant de la situation, continuent de « surestimer le risque ».
Un pourcentage qui est peut-être plus élevé au début, mais qui se tasse rapidement, explique-t-il dans une entrevue au New York Times. « Tout le monde tend à sur-réagir au début. Mais ensuite, un peu d’expérience renverse ce sentiment chez la plupart des gens et ils commencent à croire que « ça ne m’arrivera pas ». »
Ce qui peut, du coup, devenir encore plus dangereux que la panique initiale: « Les gens vont s’auto-isoler pour un temps et ensuite, quand rien ne va s’être passé, vont commencer à s’organiser des sorties, prenant plus de risques qu’ils ne l’avaient prévu. »
C’est une attitude qui a été observée dans de multiples situations réelles, et dans de multiples expériences contrôlées en laboratoire: offrez à une personne le choix entre la certitude de perdre un dollar et la possibilité d’en gagner 5, avec la faible possibilité d’en perdre 20, et tout le monde va choisir la première option. Mais après quatre ou cinq essais, ils vont majoritairement passer à l’option plus risquée. La possibilité d’un gain immédiat l’emporte toujours sur le risque d’une perte plus lointaine.
La recherche suggère en fait, poursuit Ido Erev, que « vous aurez deux tendances problématiques: une majorité qui prend progressivement de plus en plus de risques, et une petite minorité qui montre des comportements apparentés à la panique, en entreposant des provisions ».
Pour la chroniqueuse canadienne Supriya Dwivedi, la débâcle américaine, avec un système de santé qui n’était pas prêt à faire face à une pandémie et un système politique ancré dans le déni, est une illustration à l’extrême des conséquences de cette complaisance: une prise de risque, qui a permis des gains immédiats (factures de santé moins élevées), au mépris des pertes dans un hypothétique futur… devenu ce mois-ci très réel.
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