Existe-t-il une pièce de théâtre qui est à la fois aussi classique et contemporaine que Macbeth? L’oeuvre de Shakespeare, qui porte entre autres sur la soif de pouvoir et le côté aliénant de la puissance, trouve depuis des siècles de nouvelles apparences, en fonction de l’époque et du contexte social. Voilà donc une version métal, Mac(death), qui est présentement jouée à La Chapelle.
Pourquoi pas la musique métal, après tout? Le côté chaotique de Macbeth et de la plongée vers la folie du jeune roi évoque déjà le lourd impact des guitares, les coups de la batterie correspondent sans peine aux coups de poignard donnés par le personnage principal à autant de confidents, d’anciens amis, de collaborateurs devenus ennemis à abattre.
Sur scène, donc, un grand écran où seront projetés des extraits de l’oeuvre phare du Barde. Mais ce qui nous intéresse, surtout, c’est ce que l’on trouve tout juste en bas des sièges réservés aux spectacteurs: des guitares, une batterie, des micros… Tout le nécessaire pour laisser parler ses tripes, vomir cette rage qui habite Macbeth. Jocelyn Pelletier, le créateur de l’oeuvre, savait bien que tout cela allait faire du bruit; ce n’est pas pour rien que l’on remet des bouchons aux spectateurs, dans l’antichambre de La Chapelle.
Et le spectacle décoiffe, en effet: hurlements, riffs stridents, staccato de batterie, tout cela se réverbère sur les murs de la petite salle installée à quelques mètres à peine de la Main.
Il n’y a pas à dire, la démarche est intéressante. Après quantité d’adaptations, de transformations, voire de modernisations de l’oeuvre originale – y compris le changement continu de la langue employée dans le texte, l’anglais des 16e et 17e siècles ayant certainement fait son temps –, l’idée d’un spectacle métal reprenant les concepts centraux de Macbeth a tout à fait du sens.
Ce qui accroche un peu moins, toutefois, c’est cette impression que Mac(Death) est un spectacle brouillon, inachevé. Les séquences musicales cèdent régulièrement le pas à des moments plus calmes, ce qui pousse le spectateur à se demander s’il ne faudrait pas retirer ses bouchons, histoire de comprendre ce qui se dit sur scène. On a aussi choisi d’alterner entre l’anglais et le français, sans que la raison n’en soit donnée. Et si le jeu des acteurs/musiciens suscite l’intérêt, tout finit par s’entremêler en un salmigondis théâtral et musical qui ne rend pas nécessairement justice au titre original. Peut-être faut-il chercher la raison de tout cela du côté du fait que le texte a été largement adapté pour respecter la durée du spectacle, soit environ 1h20. Gageons cependant que deux, ou encore trois heures de ce régime aurait été probablement plus dommageable.
Malgré ces aspérités, Mac(death) est une expérience intéressante. À voir et expérimenter.
Mac(death), de Jocelyn Pelletier, avec Fanny Migneault-Lecavalier, Maxim Paré-Fortin, Guillaume Perreault, Samuel Bobony et Érick D’Orion. Présenté à La Chapelle jusqu’au 17 mars.