Avez-vous bien aiguisé vos incisives? La télésérie Castlevania, basée sur les jeux vidéo du même nom, est de retour pour une troisième saison, avec une série de 10 épisodes formant à la fois un tout complet, mais aussi le début de quelque chose de franchement intéressant pour la suite.
Après la bataille titanesque de la fin de la précédente saison, au cours de laquelle Dracula a finalement été tué, non seulement par Trevor Belmont, le dernier de son clan, mais aussi par la magicienne Sypha Benares et par le fils de Dracula lui-même, Alucard, l’action est maintenant séparée entre quatre volets: Alucard est demeuré dans le château de son père, tout juste à côté de la demeure ancestrale des Belmont, Sypha et Trevor jouent les aventuriers, tuant des monstres en chemin pour ensuite être payés par les villageois rassurés, certains vampires ayant échappé à l’hécatombe se sont regroupés et planifient d’établir un nouvel empire dans l’est de l’Europe, et Hector, un humain capable de créer des créatures démoniaques, tente justement de venger Dracula en tuant les rescapés aux dents longues de la deuxième saison.
Bien entendu, morceler à ce point l’action fait en sorte que pour être bien certain de ne pas perdre le public en cours de route, l’action est particulièrement concentrée à quelques endroits spécifiques, plutôt que de s’étaler en une longue série d’affrontements et de combats. Ceux-ci sont toujours présents, fort heureusement, mais à l’image de ce que les créateurs de la série ont accompli depuis les débuts, Castlevania se présente surtout comme une série d’horreur et, étrangement, de philosophie, plutôt que comme une simple série d’action. Oui, la structure de la première saison était en un sens forcée, puisqu’il s’agissait carrément de la séparation d’un film en quatre parties, mais cette fois, les scénaristes savent comment doser l’aventure.
Force est d’admettre, également, qu’après la mort de Dracula, et donc la disparition du principal « méchant » de la série, il n’était plus possible de simplement établir un objectif central à la série: les divers protagonistes soignent leurs plaies, tentent de redonner un sens à leur existence. Pour Trevor et Sypha, cela veut dire s’arrêter à Lindenfeld, une petite ville où il semble régner une étrange ambiance entre le Juge, une figure en apparence malsaine, des moines ayant clairement perdu la raison, et le surprenant comte Saint-Germain, qui est à la recherche de quelque chose… mais quoi?
Au fil des épisodes, nos héros tenteront de percer les mystères de l’abbaye, où semble s’être écrasée une gigantesque créature maléfique. Depuis, les frères portent un étrange symbole au bras, et évoquent constamment un « travail » qu’il faut « terminer ». Quelque chose de maléfique se prépare, mais à défaut de pouvoir carrément lancer un assaut frontal, il faudra faire preuve de ruse.
Avec des clins d’oeil à Diablo, avec son église maléfique et ses sous-sols à l’odeur sulfureuse, mais aussi en évoquant l’ambiance oppressante omniprésente dans les livres de H.P. Lovecraft, Lindenfeld est un micromonde qui aurait pu justifier, à lui seul, l’ensemble des 10 épisodes. D’ailleurs, il faut avouer que les autres aspects du scénario de cette saison sont franchement moins intéressants, et pourraient se résumer au fait que les gens, qu’ils soient humains ou vampires, vont manipuler, mentir, tricher et s’en remettre à la peur. Oui, cela est le thème central de la série, mais disons que certains épisodes donnent l’impression d’être là pour remplir du temps d’antenne.
Ceci étant dit, Castlevania, saison 3 est certainement la plus aboutie des trois déclinaisons de la série jusqu’à maintenant. Les personnages sont pour la plupart très intéressants, l’action – si elle est limitée – est enlevante, et l’ambiance démontre clairement que l’oeuvre peut survivre sans devoir s’appuyer sur Dracula. À voir, donc, possiblement avec les lumières éteintes, à la lueur des chandelles…