C’est une course à deux entre deux septuagénaires: après une défaite cinglante lors des premières étapes des primaires démocrates et un rebond convaincant en Caroline du Sud, où il a largement dominé ses adversaires, l’ex-président américain Joe Biden est ressorti vainqueur du « super mardi », en prenant la tête dans la course aux délégués en vue de l’investiture pour affronter Donald Trump. Son adversaire, Bernie Sanders, est toutefois loin d’être battu. Quant aux autres concurrents, ils n’ont plus aucune chance de l’emporter.
Les analystes se doutaient bien qu’il s’agirait d’une course à deux. Les deux hommes, qui ont d’ailleurs longtemps dépassé le cap des 70 ans – tout comme le président –, ont encore de l’énergie à revendre. Mais ils sont surtout les deux facettes d’un même Parti démocrate: l’un est partisan d’un certain statu quo, parlant de « ramener la civilité à la Maison-Blanche », et se disant en faveur de transformations lentes et par étapes afin d’améliorer la société américaine. L’autre est frondeur, souhaite instaurer un régime d’assurance-santé universel, faire disparaître les dettes des étudiants, et s’attaquer vigoureusement aux changements climatiques.
Alabama, Arkansas, Maine, Massachusetts, Minnesota, Caroline du Nord, Oklahoma, Tennessee, Virginie… et même le Texas, pourtant terre ardemment convoitée par Bernie Sanders, tous ces États sont tombés dans l’escarcelle de Joe Biden. L’ancien vice-président a d’ailleurs battu une autre candidate, la sénatrice Elizabeth Warren, dans son propre État du Massachusetts, alors que la candidate, dernière femme ayant eu des chances de l’emporter, et présentant des propositions largement progressistes, y compris en matière d’assurance-santé, a mordu la poussière.
Quant au multimilliardaire Mike Bloomberg, qui a dépensé plus d’un demi-milliard de dollars pour tenter de remporter la course à l’investiture, il ne se sera jamais remis de l’attaque lancé contre lui par Mme Warren lors d’un débat, où elle lui a lancé une pique virulente à propos des allégations de harcèlement à l’encontre de l’ex-maire de New York. À la fin du super mardi, M. Bloomberg n’avait obtenu qu’une quarantaine de députés, son seul succès ayant été réalisé aux… Îles Samoa américaines, un minuscule territoire octroyant une dizaine de députés.
M. Bloomberg a d’ailleurs annoncé qu’il abandonnait la course, mercredi matin, pour se ranger du côté de Joe Biden.
Course serrée
Après ce marathon électoral dans 10 États, la course n’est cependant pas terminée. Si Joe Biden a une avance de quelques dizaines de députés sur Bernie Sanders, les résultats en Californie ne sont pas encore officiels, et pourraient changer la donne en faveur du sénateur autoproclamé socialiste, qui y jouit d’ailleurs d’une avance relativement confortable pour l’instant.
Impossible de savoir qui l’emportera: Joe Biden a construit une solide coalition dans le Sud américain, notamment auprès des électeurs noirs, tandis que Bernie Sanders s’appuie sur le vote des jeunes et des Latino-Américains. Tous des groupes électoraux qui, s’ils vont voter en grand nombre lors de l’élection présidentielle de novembre, pourraient contribuer à provoquer la défaite de Donald Trump.
Ce dernier, d’ailleurs, ne s’est pas gêné de continuer à jouer les trouble-fête sur Twitter. Après avoir attaqué « Sleepy Joe » ces derniers jours, voilà qu’il accusait, mercredi matin, Elizabeth Warren de bloquer la voie de Bernie Sanders dans la course à la nomination. Le locataire de la Maison-Blanche n’aura plus besoin d’insulter de nouveau Mike Bloomberg, qui n’a jamais réussi la percée espérée avant de jeter l’éponge.
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