S’agit-il de perpétuer le mythe du self-made man? Ou plutôt de dénoncer un système qui est clairement et injustement structuré d’une façon telle que les riches s’avantagent entre eux, laissant les autres classes sociales dans la misère? Quoi qu’il en soit, un nouveau sondage réalisé par le Pew Research Center indique clairement que les Américains jugent que ce sont les circonstances, et non l’éthique de travail, qui créent les millionnaires et milliardaires de ce monde.
Selon l’enquête, jusqu’à deux tiers des Américains croient ainsi que la richesse des uns dépend donc des avantages auxquels ils ont droit par rapport aux autres citoyens; seul un tiers, environ, croient que le succès financier est dû à une éthique de travail plus stricte que la moyenne.
Pire encore, 71% des répondants jugent que la pauvreté est attribuable au fait que des obstacles se sont dressés sur le chemin des individus. Seuls 26% des participants estiment que les pauvres « ne travaillent pas assez », ce qui expliquerait leur infortune.
Adieu, alors, cette image du riche qui a atteint cette nouvelle classe sociale uniquement à la sueur de son front; du moins, selon une bonne partie des 12 638 adultes américains interrogés entre le 6 et le 19 janvier, et qui sont membres de l’American Trends Panel du Pew Research Center.
Comme par le passé, cependant – l’organisation a déjà mené plusieurs enquêtes similaires au cours des années précédentes –, les avis divergent largement en fonction de l’appartenance politique. Ainsi, les démocrates et les indépendants à tendance démocrate estiment à 82% que les avantages innés sont davantage un facteur de richesse; ils jugent également, dans une proportion de 86%, que les pauvres sont dans cette situation parce qu’ils doivent surmonter des obstacles importants.
Chez les républicains et les indépendants favorables au Grand Old Party, cette vision est plus nuancée: 53% des gens interrogés jugent que le fait de travailler dur permettra de devenir riche, tandis que 45% pensent plutôt que les riches disposent d’avantages. Et lorsqu’il est question d’expliquer la pauvreté, 55% des participants estiment que cette tranche de la population doit surmonter plus d’obstacles que les autres groupes, alors que 42% croient plutôt qu’ils ne travaillent pas assez fort.
Le Pew Research Center a aussi effectué un sondage téléphonique équivalent en janvier, où il a été établi que la proportion de personnes estimant que les riches disposaient d’avantages indus avait bondi de 13 points de pourcentage.
Les États-Unis font partie des pays où les inégalités entre les pauvres et les riches sont les plus prononcées; et cet écart continue de s’accroître, particulièrement en raison des politiques fiscales et économiques mises en place par l’administration républicaine présente à la Maison-Blanche.