Qui aurait crû que Brighton, ville côtière britannique connue pour son tourisme, pourrait abriter un groupe aussi éclaté que Wax Machine? Le fait que la municipalité soit entre autres connue pour sa scène musicale y est certainement pour quelque chose, mais que l’on se trouve à Brighton ou ailleurs dans le monde, Earthsong of Silence, qui tombera dans les bacs des disquaires d’ici quelques jours, détonne et ensorcelle.
Quelques notes seulement, et nous voilà repartis de quelques décennies en arrière. Après tout, les influences sixties et seventies sont on ne peut plus claires sur cet album: guitares avec juste ce qu’il faut de distorsion, batterie à la fois présente et discrète, quelque chose comme des échos de bongos, et même de la flûte à bec! On n’avait probablement plus entendu de flûte à bec dans une pièce rock depuis King Crimson, ou encore Hocus Pocus, mais voilà qu’on nous propose un pot-pourri de ce qui faisait voyager les adolescents, il y a une quarantaine, ou encore une cinquantaine d’années. Et force est d’admettre que ça marche de tous les diables.
Impossible, non plus, de ne pas retrouver, ici et là, des preuves du fait que l’artiste à la tête du groupe, Lau Ro (à la guitare et aux voix), est né au Brésil. Ce dernier injecte une bonne dose d’exotisme dans ses compositions. L’album ne devient ainsi pas seulement tripatif, mais fait aussi imaginer de longues plages de sable doré par le soleil, les vastes jungles de ce pays d’Amérique du Sud, ou encore la folie et la chaleur du carnaval. Bref, de l’excellente musique à se mettre en les oreilles.
Il ne faut pourtant pas croire que le Royaume-Uni n’a eu aucune influence sur la musique du groupe. À preuve, cette cinquième pièce, Time Machine, qui rappelle les rythmes simples, mais efficaces, des groupes du début des années 1960, lors de la British Invasion. On pense bien sûr aux Beatles, mais c’est tout ce rock doucereusement contestataire qui s’épanouit, ici. Pas question du punk agressif des Ramones, par exemple, mais plutôt une musique agréablement dansante qui brasse juste assez la cage. Keep Calm, and Carry On, lit-on sur ces affiches qui n’ont en fait jamais servi durant la Deuxième Guerre mondiale. Ici, on pourrait peut-être tenter un Keep Calm and Listen On.
Album bigarré, album étrange, parfois déconcertant, bien souvent accrocheur, sans oublier délicieusement séducteur à ses heures, Earthsong of Silence peut peut-être rebuter le mélomane habitué aux compositions plus rectilignes. Pour les autres, l’aventure est certainement au rendez-vous, pour leur plus grand plaisir.