Daniel Radcliffe se débarrassera-t-il, un jour, de son association automatique à la sage Harry Potter? Voilà au moins une dizaine d’années que l’acteur anglais est passé à autre chose, mais s’il n’a certainement pas besoin de s’abaisser à jouer dans des navets pour payer son épicerie, force est d’admettre qu’il s’est commis dans certains films passablement douteux. Voilà donc Guns Akimbo qui débarque, un film d’action à la violence gratuite et jouissive où Radcliffe joue le rôle principal. Et ça marche! En bonne partie, du moins.
Dans une réalité alternative pas très éloignée de la nôtre, Skizm, sorte de sport mortel underground où les éléments les plus violents de la société sont appelés à s’entre-tuer devant les caméras, pour le plus grand plaisir d’internautes dont le sens moral est fort probablement quasi-inexistant, inquiète les services de police. D’autant plus que les organisateurs de ce massacre transmis en direct, qui évoque autant le Thunderdome de Mad Max que Mortal Kombat, entre autres, échappent à tout contrôle des autorités.
Réalisé et scénarisé par Jason Lei Howden, surtout connu pour son rôle comme artiste visuel dans de nombreux film, dont Avengers, la série The Hobbit, ou encore The Great Gatsby, le film met en vedette Miles (Radcliffe), un employé de bureau solitaire et quasiment alcoolique qui passe ses journées et ses soirées sur l’ordinateur. En peine d’amour, il passe aussi un peu trop de temps sur les profils de son ex-copine sur les réseaux sociaux. Un soir, très remonté contre les amateurs de Skizm et leurs commentaires plus que dégradants, il s’amuse à en insulter le plus grand nombre.
Mal lui en prend: les organisateurs de Skizm le retrouvent et lui vissent littéralement deux pistolets aux bras, avant de lui ordonner de tuer la grande championne Nix, qui elle possède un arsenal allant de la mitraillette au lance-roquettes. S’ensuit alors une course folle filmée par les drones de l’organisation criminelle.
Film mêlant comédie et action, Guns Akimbo – de l’expression du même nom consistant à utiliser deux pistolets en même temps, un geste tout à fait inutile lorsque viendra le temps d’espérer toucher une cible, en raison du recul de l’arme, mais aussi une posture absolument cool qui tire son origine des films de John Woo, et qui s’est répandue dans quantité de jeux vidéo – peut d’abord donner l’impression d’être un banal film de fusillades comme il s’en pond des dizaines par année. De fait, si ce n’était de l’apparition de Radcliffe, il y a fort à parier que le titre n’aurait pas obtenu autant d’attention médiatique.
Force est d’admettre, cependant, que le film a plusieurs qualités. Les plans de caméra sont souvent rapides et audacieux, l’emprunt à plusieurs chansons bien connues tombe généralement à pic, et si le dialogue n’est certainement pas digne d’un Oscar, le jeu, lui, tient fort bien la route pour un film du genre. Oui, Guns Akimbo est un long-métrage qui aurait certainement davantage sa place pendant le festival Fantasia, par exemple, que dans l’une des salles obscures d’un multiplex de banlieue, mais il y a ce petit côté carrément irrévérencieux, ce rejet (incomplet) des codes qui fait du bien, y compris cette surprise scénaristique qui est bien accueillie.
Pourtant, Guns Akimbo n’a pas la trempe d’un Zombieland, par exemple. Impossible, donc, de savoir, si le film sera encore dans les esprits dans six mois, un an, voire cinq ans. Ce qui est certain, cependant, c’est qu’il ne s’agit pas du dérapage que l’on pouvait anticiper. Daniel Radcliffe n’a peut-être voulu que s’amuser un peu, mais le jeu en a valu la chandelle.