Il est honorable que les créateurs derrière le mégasuccès mondial que fut le film d’animation Frozen ont pris leur temps pour s’assurer que leur suite ne sente pas le réchauffé, ni l’opportunisme évident (on pense à The Secret Life of Pets 2). Ainsi, six ans après le film qui a charmé tout le monde et envahi les oreilles de tous, voilà que toute la bande est de retour pour un deuxième tour de piste probablement un peu trop touffu et fade pour son propre bien.
On ne veut pas dire que l’ambition est une mauvaise chose, bien au contraire, mais à l’instar de Cars 2, on s’est donné beaucoup trop d’éléments à couvrir pour s’assurer que l’histoire soit assez travaillée pour ne décevoir personne. De l’affirmation de soi à l’amitié, en passant par le passage vers la maturité, la réalité derrière les souvenirs et le respect des Premières Nations (avec des consultants à l’appui), pour ne nommer que ces thématiques, on a tissé une histoire complexe qui risque de laisser beaucoup de jeunes pantois (et pas que) à essayer de tout suivre sans jamais froncer les sourcils.
Au moins, visuellement, c’est la totale. Après un film qui s’est surtout démarqué par son savoir-faire et sa jolie folie, on ne s’attendait pas à ce que cette suite soit aussi sublime visuellement. Comme quoi, lorsque l’histoire vient trop alourdir l’ensemble, on peut au moins compter sur la qualité des images riches en textures, mais surtout en couleurs, comme l’était le certainement supérieur Coco.
On sent toutefois la pression immense qui pèse sur les épaules de Jennifer Lee et Chris Buck, autant de retour à l’écriture qu’à la réalisation, et qui tentent constamment d’essayer de recréer la magie du premier en conservant des repères narratifs similaires. Le rythme n’est toutefois pas aussi assuré et plusieurs moments nous donnent l’impression de tourner en rond, faisant croire que ce film pourtant de la même durée que son prédécesseur paraît bien plus long.
Il y aussi le fait qu’on a décidé de faire de l’ensemble une comédie musicale encore plus assumée que la déclinaison précédente, avec des chansons à toute les deux secondes. Rien, toutefois, pour arriver à la cheville de Let it Go. De fait, les chansons manquent de tonus. On a beau titiller Sondheim avec la chanson de Olaf When I’m Older et le côté kitsch des années 80, incluant un hommage à Queen avec la chanson de Kristoff Lost in the Woods, celles-ci tombent généralement à plat.
Heureusement, la jovialité de l’ensemble fait plaisir et la distribution vocale a encore plus de complicité que jamais. Il faut dire que Josh Gad continue encore de voler la vedette avec son inimitable Olaf en mode dépressif (une décision assez osée pour un film familial), s’entourant des plus grands fous rires, dont l’excellent passage où il résume le premier film. Il est important de préciser que le film a encore une scène cachée à la toute fin et que cette fois elle vaut décidément le détour.
D’ailleurs, le film s’avère toujours plus fort lorsque tous les personnages se retrouvent unis ou réunis et non pas divisés ou écartés comme cela arrive un peu trop souvent, histoire de ne pas donner dans la confusion et le trop plein de trucs qui se passent en même temps. Cela a un peu l’effet inverse, en s’appropriant une narrativité beaucoup plus près de ce qui se fait à la télévision, comme les Star Wars de Disney en ont eu l’habitude après tout.
Si le blu-ray contient plus d’une heure de suppléments, le DVD n’a encore une fois rien pour sustenter les spectateurs.
Enfin, Frozen II repousse encore plus sa représentation des rôles féminins dans les films pour enfants en les affublant de motivations inspirantes et de d’honorables personnalités, reléguant les rôles masculins à leur merci, ou tout comme. Probablement trop complexe et dénué de la totalité du charme qui a fait du premier une si grande réussite, on apprécie néanmoins cette suite sans trop de surprises qui a son lot de qualité et qui risque quand même d’en satisfaire plus d’un.
6/10
Frozen II est disponible en DVD, combo Blu-ray et DVD ainsi qu’en combo Blu-ray 4K et Blu-ray.