La victoire est indéniable: le sénateur du Vermont, Bernie Sanders, a aisément remporté les caucus du Nevada, samedi, confirmant sa lancée entamée pratiquement depuis les débuts du processus électoral en vue de l’investiture démocrate. Ses adversaires – et surtout Joe Biden –, n’ont toutefois certainement pas dit leur dernier mot, et les attaques pourraient maintenant viser le politicien « socialiste ».
Au-delà de 40% des voix après répartition des deuxièmes choix: le complexe processus des caucus de l’État de l’ouest des États-Unis a permis, après le chaos de l’Iowa et les résultats particulièrement serrés du New Hampshire, permis d’établir rapidement un gagnant, même si le dépouillement des voix s’est étiré jusqu’à dimanche. Bernie Sanders poursuit donc sa progression, tandis que l’ex-vice-président Joe Biden, qui avait mordu la poussière lors des deux premières étapes des primaires et caucus, est arrivé en deuxième place.
« C’est le début d’un changement profond », a lancé M. Biden, dont plusieurs analystes prédisaient la fin de la campagne il y a quelques jours à peine. Pour ce politicien pourtant donné comme favori, les prochaines étapes de la course, soit la Caroline du Sud, à la fin février, puis les États « payants » en délégués du « Super Mardi », au début de mars, seront cruciales. S’il n’est pas en mesure de reprendre l’avantage sur son adversaire campé à gauche, la campagne centriste de M. Biden pourrait bien prendre fin plusieurs mois avant la convention démocrate.
Selon le New York Times, l’équipe Sanders veut d’ailleurs gruger l’avance de M. Biden dans les sondages en Caroline du Sud. Le quotidien américain mentionne également que plusieurs candidats qui s’accrochent, dont le milliardaire Tom Steyer, la sénatrice Amy Klobuchar et même le modéré Pete Buttigieg, gagnant en Iowa, pourraient lancer la serviette, n’ayant pas prouvé qu’ils pouvaient bâtir la coalition électorale nécessaire pour vaincre les républicains coalisés derrière le président Donald Trump.
Bernie Sanders, de son côté, peut compter sur les votes des électeurs latinos-américains et ceux des Afro-Américains, deux communautés qui pèseront lourd dans la balance en Californie, déjà largement multiculturelle, mais aussi au Texas, où le poids démographique de la population blanche diminue en raison de l’immigration.
Attaques concertées
« Bernie Sanders veut entraîner une révolution idéologique complète » qui transformerait profondément la société et l’économie américaines, a déclaré Pete Buttigieg à la suite des caucus du Nevada, dans une attaque virulente contre son adversaire du Vermont.
Plusieurs autres membres de l’establishment démocrate ont eux aussi serré les rangs, qui derrière Joe Biden, qui derrière Michael Bloomberg, en opposition au plan de Bernie Sanders, qui propose une assurance-maladie et dentaire universelle, l’annulation d’une bonne proportion de l’endettement étudiant, la hausse des impôts pour les plus riches. Sur la chaîne MSNBC, le commentateur Chris Hardwick a comparé les hypothèses évoquant une victoire déjà confirmée pour M. Sanders dans la course à la défaite de la France aux mains des nazis, en 1940. Ces commentaires ont suscité de vives critiques, plusieurs observateurs soulignant qu’une bonne partie de la famille de M. Sanders, qui est juif, avait péri durant l’Holocauste, lors de la Deuxième Guerre mondiale.
Face à cela, Bernier Sanders avait déjà adressé un message à l’establishment des deux partis, républicain et démocrate, quelques jours auparavant: « Vous ne pourrez pas nous arrêter. »
Une autre commentatrice, sur les ondes de la télévision américaine, a affirmé que « les partisans de Bernie Sanders sont les jeunes qui n’ont pas d’avenir, pas d’opportunité d’amélioration de leur situation financière, d’opportunité d’acheter une maison, ils voient la planète se réchauffer, les plus riches s’enrichir et les autres s’appauvrir ».
L’affrontement idéologique est quasi-total. À mesure que les candidats moins populaires abandonneront la course à l’investiture, y compris, probablement, la sénatrice Elizabeth Warren, elle aussi plus progressiste, les électeurs démocrates devront choisir entre une figure de proue plus modérée et le progressisme « radical » du sénateur s’autoproclamant « socialiste » du Vermont.
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