Les climatosceptiques sont peut-être moins nombreux qu’on ne l’imagine… et moins nombreux qu’ils ne l’imaginent eux-mêmes: un quart de leurs messages sur Twitter, pendant un moment crucial de l’automne 2017, avaient en fait été envoyés par des robots.
C’est ce qui ressort d’une analyse de 6 millions et demi de tweets publiés pendant les jours juste avant l’annonce par Trump qu’il retirait son pays de l’Accord de Paris, et le mois après, en juin 2017. L’analyse, pas encore publiée, a été révélée par le quotidien The Guardian.
En moyenne, affirme le doctorant Thomas Marlow, de l’Université Brown, 25% des tweets quotidiens parlant de climat et affichant leur opposition à l’existence d’une crise climatique, émanaient donc de bots. La proportion a été à son plus bas (13%) le jour de l’annonce de Trump, ce qui suggère qu’elle a généré ce jour-là un intérêt accru de la part des vrais humains. Sur l’ensemble de la période, le total de bots grimpait à 38% pour les messages contenant l’expression « fake science ».
Pour déterminer « qui » est un bot, les chercheurs s’en sont remis à un outil d’intelligence artificielle appelé Botometer: développé à l’Université de l’Indiana, il s’agit d’un système d’apprentissage automatique qui « lit » environ un millier de différentes caractéristiques distinguant tantôt un bot, tantôt un humain, et assigne une note à chaque compte. Il existe donc une marge d’erreur, mais l’outil n’en est pas à ses premières armes et continue de raffiner ses résultats.
Cette présence des bots dans la désinformation n’est pas anecdotique: de nombreuses recherches depuis trois ans ont révélé qu’une des stratégies de désinformation employée par les groupes les plus riches — ou par les Russes — est de créer des centaines de faux comptes sur les médias sociaux dont l’unique tâche est de relayer les mêmes messages, afin de leur donner une apparence de viralité. En théorie, autant Facebook que Twitter interdisent cette pratique, mais il est arrivé fréquemment qu’un grand nombre de faux comptes n’aient été fermés qu’après que des reportages journalistiques en eurent révélé l’existence.