Aliment essentiel un peu partout sur la planète – aux États-Unis seulement, on en a planté sur plus de 360 000 kilomètres carrés, l’an dernier, pour en tirer près de 50 milliards de dollars –, le maïs est menacé par la crise climatique. Selon une nouvelle étude, cependant, des moyens « exotiques » pourraient être utilisés pour assurer la survie de cette plante plus qu’utile à notre civilisation.
Sous l’égide du généticien des plantes Randy Wisser, de l’Université du Delaware, une équipe appartenant à plusieurs institutions a décodé les indices génétiques permettant d’adapter le maïs poussant dans des environnements tropicaux pour lui permettre de pousser aux États-Unis, lors de la saison estivale tempérée. Selon M. Wisser, ces variétés exotiques du maïs, qui sont rarement utilisées en agriculture, permettraient de créer de nouvelles variantes de la plante.
« Si nous élargissons la base génétique en utilisant des variétés exotiques, nous pourrons peut-être contrer les facteurs de stress comme l’apparition de maladies et la multiplication des sécheresses, qui sont associées aux changements climatiques », soutient M. Wisser.
« Il s’agit-là d’une démarche essentielle pour assurer une production alimentaire destinée à des milliards de personnes qui dépendent du maïs pour se nourrir, et pour d’autres produits. »
Les variétés contemporaines de maïs ont été créées à partir d’une petite fraction du nombre d’espèces de la plante existant sur Terre. Cet apport limité en matière de diversité suscite des questionnements à propos de la vulnérabilité du maïs américain dans un contexte de changements climatiques. Dans les voûtes du département américain de l’Agriculture (USDA), on trouve des dizaines de milliers de variétés de maïs sous forme de graines, mais la plupart ne sont pas utilisées.
« Nous savons que les variétés tropicales de maïs représentent notre plus grand réservoir de diversité génétique », soutient le coauteur de l’étude Jim Holland, un généticien des plantes travaillant au service de l’USDA. « Cette étude a amélioré notre compréhension de ces aspects génétiques, pour que nous puissions utiliser ces informations pour mieux encadrer de futures démarches de reproduction afin de préserver nos récoltes de maïs. »
Certes variétés de maïs résistent mieux à la sécheresse ou à un sol pauvre en azote, par exemple. Mais puisque ces variétés ont évolué à l’extérieur des États-Unis, ils ne sont pas immédiatement adaptées à des États comme le Delaware. Il faut donc adapter ces nouvelles souches.
Lors de précédents travaux, M. Wisser et ses collègues ont démontré qu’une période de 10 ans était nécessaire pour adapter une variété tropicale aux conditions tempérées des Amériques.
Si cette possibilité d’adaptation est impressionnante, 10 ans est une longue période lorsque l’horloge des changements climatiques fait entendre son inquiétant tic-tac.
« Malheureusement, le processus nécessite 10 ans, ce qui ne comprend pas les évaluations subséquentes et l’intégration des variantes exotiques au sein des variétés plus usitées de maïs », mentionne M. Wisser. « Face aux dangers climatiques, c’est une longue période de temps. En apprenant davantage sur le processus évolutif, cela nous permettra de concevoir des méthodes pour réduire cette période d’attente. »