L’idée est simple, vraiment: conjuguer les azulejos, des tuiles portugaises, et ce qui ressemble à s’y méprendre à une sorte de bingo où les numéros sont remplacés par des couleurs et de magnifiques motifs. Voici Azul, un jeu qui mêle stratégie et talents en décoration.
Conçu par Michael Kiesling, et lancé dans sa première version en 2017 (on compte quelques déclinaisons, depuis), Azul demande aux joueurs de compléter une carte en y déposant le plus possible de ces tuiles colorées et aux motifs complexes. C’est plutôt du côté de l’acquisition de ces tuiles que réside une bonne partie du côté stratégique du jeu. À chaque tour, un petit nombre de tuiles est déposé sur plusieurs cercles; les joueurs pourront ainsi récupérer un type de tuiles, que ce soit toutes les tuiles bleues, par exemple, ou toute les tuiles rouges. Ce faisant, toutes les autres tuiles se trouvant sur le même cercle se retrouvent au centre de la zone de pige.
Ladite zone sera bien rapidement plus qu’alléchante: il sera en effet possible d’y prendre un grand nombre de pièces d’un seul coup. C’est pourtant là aussi que se situent les pièges d’Azul: être le premier joueur du tour à piger dans cette zone entraînera l’imposition d’un point de pénalité, voire plus. Et impossible de réserver autant de tuiles que souhaité pour ensuite les placer comme bon nous semble sur notre carte à remplir. Car la carte comporte cinq rangées, qui nécessitent chacune un nombre différent de tuiles de la même couleur ou du même motif. Pour remplir une case de la première rangée, par exemple, une seule tuile est nécessaire. Mais le nombre de tuiles exigées par rangée augmente à mesure que l’on se dirige vers le bas de la carte; il faut ainsi cinq tuiles identiques pour combler une seule case. Un joueur téméraire désirant remplir complètement la ligne du bas sur sa carte devrait donc réunir cinq fois un ensemble de cinq tuiles… tous des groupes de tuiles différentes, bien sûr.
Pire encore, en plaçant une ou plusieurs tuiles en « attente », à côté d’une rangée où l’on espère combler une case, impossible d’y « réserver » une tuile d’un autre motif ou d’une autre couleur. Il faut donc tenter de bien prévoir ses coups, puisque les tuiles ne pouvant pas trouver d’endroit où être mises en attente avant la fin du tour provoqueront des pénalités au coût croissant.
Une partie d’Azul se déroule généralement en 25 ou 30 minutes à deux joueurs, mais la complexité de la chose augmente en fonction du nombre de participants. De façon inversement proportionnelle, sans doute, à la perspective de réaliser un pointage important. Car qui dit multiplication des joueurs dit diminution des possibilités d’agencements.
Avec des composantes de grande qualité, surtout avec des tuiles superbement illustrées et d’une résistance en apparence à toute épreuve, Azul est un jeu familial franchement prenant. Rien pour occuper une soirée entière, bien sûr, mais il est toujours possible de jouer une ou deux rondes après le souper, sans devoir se casser la tête à tenter de mémoriser des règlements pendant plus d’une heure. Un must à ajouter à sa collection.