Jane pensait avoir trouvé le poste par excellence pour lancer sa carrière dans le milieu cinématographique: celui d’assistante d’un magnat de la production, à New York. Sans surprise, cependant, The Assistant, un film de Kitty Green, évoque les pires penchants d’une industrie mise à mal par les nombreux scandales de l’ère #MeToo.
Un patron colérique, qui maltraite sa femme, ou encore qui couche avec les aspirantes actrices, voire carrément avec les nouvelles employées, elles qui n’ont décidément pas été embauchées pour leurs talents dans le domaine du travail de bureau. Des collègues qui endurent les pires penchants du boss, possiblement trop heureux de travailler dans l’industrie, quitte à fermer les yeux sur les dérives. Ou se sont-ils simplement résignés? Personne, dans cette firme de production, ne semble heureux de voir le patron agir à sa guise avec tout le monde.
Si une telle ambiance de travail est déplore, voire condamnable – et cela sans compter toutes les tâches répétitives, éreintantes et invisibles auxquelles doit s’astreindre Jane –, on ne trouve rien, dans ce film, qui s’éloigne de situations ou de problèmes déjà évoqués dans d’autres films, dans des séries télé, ou encore dans la vie réelle.
Tous les aspects du film qui auraient potentiellement pu susciter une réflexion, ou explorer un nouveau pan des relations de travail dans une industrie carburant au pouvoir et à l’argent, par exemple, sont à peine évoqués, avant d’être rapidement évacués, ou avant d’être laissés en plan. Même les scènes où le patron engueule son assistante ne sont en fait que des gros plans de Jane (qui n’est d’ailleurs jamais nommée dans le film!) qui écoute une voix presque inaudible au téléphone. A-t-on à ce point manqué de ressources qu’il était impensable d’assurer la présence de « l’antagoniste » du film, au-delà de quelques aperçus ici et là, à la dérobée?
Sans véritable conflit, et sans véritable résolution de cette situation, L’Assistante n’est que le récit triste d’une jeune femme coincée dans une industrie prédatrice, comme il y en a sans doute des milliers d’autres, hélas. Il ne faut pas non chercher quoi que ce soit d’intéressant du côté du jeu des acteurs – le personnage principal est constamment replié sur lui-même –, ou encore des techniques employées pour filmer. Les images semblent d’ailleurs être constamment teintées de gris, à l’image des journées de travail dans cet endroit peu avenant. Réaliste, oui. Mais aussi ennuyant au possible pour le spectateur.
Si l’on souhaite donc voir un film portant sur le délicat sujet du harcèlement, voire des agressions sexuelles, les choix ne manquent pas, y compris Elle, de Paul Verhoeven, par exemple. Mais L’Assistante est hélas condamné à terminer sa vie quelque part au fond d’une catégorie sur Netflix, ou dans le bac des films en rabais, à l’épicerie ou à la pharmacie.