Eh oui, encore une adaptation américaine d’un film étranger acclamé. Pas question toutefois, ici, d’y aller plan par plan, mais bien de réinterpréter l’essence de la source et, avec surprise, de le recentrer, mais, surtout, de le simplifier! L’épuisant Force Majeure de près de deux heures devient ainsi Downhill, une comédie noire monotone d’à peine une heure et demie.
La prémisse d’origine raconte les déboires d’un couple mis à l’épreuve lorsqu’une avalanche contrôlée les place dans une situation où le père aurait abandonné sa famille. La confiance, la trahison et le jeu des perceptions en prennent alors pour leur rhume. Qui d’autre que le duo formé de Jim Rash et Nat Faxon, les scénaristes oscarisés pour le succulent The Descendants, un autre film de famille et de couple à la dérive, pour s’attaquer à une telle histoire?
Sur papier, probablement personne, surtout qu’il s’agit de leur seconde réalisation, après le mésestimé The Way Way Back, qui s’intéressait au coming-of-age en pleine vacances d’été. Ici, pas question de quitter les origines européennes de l’histoire et on transporte le tout dans les décors hivernaux des vacances, profitant des superbes images de Danny Cohen.
Mieux, les producteurs du supérieur Enough Said continuent leur exploration du couple et refont équipe avec l’inimitable Julia Louis-Dreyfus, celle-ci ayant recruté au passage Jesse Armstrong, un scénariste habitué de Iannucci ayant travaillé sur nulle autre que la télésérie Veep.
Avec autant de noms séduisants au passage, on s’attend alors à une œuvre supérieure qui trouverait le moyen de rafraîchir la claustrophobie de Ruben Östlund et éviter son mécanisme de répétition exhaustive. Malheureusement, le film manque d’attrait et d’intérêt et donne peu de relief aux situations.
Bien que la distribution a fait un excellent choix pour ce qui est des deux garçons, puisqu’ils semblent sans mal appartenir à leurs deux parents fictifs, on croit difficilement au couple formé de Will Ferrell et Louis-Dreyfus qu’on isole et distance dès les premières minutes, insistant rapidement sur l’obsession du père pour son téléphone cellulaire. Et si le rôle confié à Miranda Otto est complètement ignoble, amenant une américanisation typique des rôles d’« étrangers » indubitablement excentriques, on aurait souhaité un peu plus de ceux plus sages réservés à Zach Woods (capable d’être beaucoup plus drôle et mémorable) et Zoe Chao.
Il n’est donc pas surprenant que celle qui s’en sort le mieux dans tout cela c’est Julia Louis-Dreyfus, également productrice du projet, alors que le film finit par s’intéresser plus précisément sur l’émancipation de son personnage. Il y a bien deux-trois réflexions qui valent leur pesant d’or, incluant une scène dans une cabine de salle de bain, et un regard qui s’avère pertinent à notre époque pour représenter une bonne mère de famille qui remet en question sa propre liberté.
On ne le cachera pas, il y a de belles idées dans le dernier tournant, l’exécution n’est pas souvent au point, mais en s’éloignant avec une certaine confiance vers quelque chose de différent du matériel d’origine, le film trace sa propre voie, qui laisse entrevoir qu’avec un produit entièrement original, on aurait peut-être eu droit à un meilleur film.
Ainsi, au-delà des envoûtantes compositions de Volker Bertelmann, on retiendra surtout la fin, particulièrement forte, aucunement à l’image du reste du film qui lasse et ennuie, plutôt que de nous remettre en question avec des dialogues qui tournent trop souvent à vide et des scènes qui manquent de véritable justification.
5/10
Downhill prend l’affiche en salles pour la St-Valentin.