Quelques 2658 génomes représentant 38 types différents de cancers. Et 22 articles scientifiques. C’est le bilan d’un travail international qui a mobilisé des scientifiques de 744 institutions sur quatre continents pendant six ans. Et qui fournit une lentille grossissante sur l’une des grandes peurs de notre époque.
Un de ces 22 articles souligne par exemple que chaque génome d’une tumeur contient quatre à cinq mutations susceptibles de fournir aux cellules cancéreuses un avantage « compétitif » sur les cellules « normales » autour d’elles. D’autres pointent des aspects plus pointus, comme les mutations dans l’ADN non-codant (traditionnellement plus difficiles à détecter) ou des mécanismes de réparation de l’ADN défectueux.
Mais le point commun à ces 22 articles est qu’ils portent sur des aspects de la génétique du cancer qui auraient été impossibles à analyser sans une base de données aussi massive. Certaines de ces « aberrations » de l’ADN et autres « signatures » du cancer, étaient soupçonnées depuis longtemps, mais reposaient sur des analyses trop partielles.
Certains rappellent cette semaine que plusieurs chercheurs proposent depuis les années 1970 de voir le développement d’une tumeur dans une perspective purement darwinienne: l’addition de mutations, que ce soit par le hasard ou par la sélection naturelle, déterminerait si une tumeur va croître ou non. Mais à supposer qu’il s’agisse de la bonne lentille pour observer un cancer, une analyse de « l’évolution », même à ce niveau microscopique, nécessite beaucoup plus de données que ce qui était accessible aux chercheurs des années 1970, et même des années 2000. Une des études note par exemple que le type de mutation qui se produit le plus souvent dans un cancer est aussi celui qui tend à apparaître en premier.
La quantité astronomique de données aurait de plus été impossible à traiter par autant d’équipes éparpillées dans autant de pays sans les technologies récentes d’infonuagique (le cloud) qui permettent le partage de données à une telle échelle. Certains des chercheurs le reconnaissent eux-mêmes dans leurs bilans: le consortium international en question, le Pan-Cancer Analysis of Whole Genomes, « fournit un premier exemple de la façon dont l’infonuagique peut rendre des collaborations internationales possibles et aider à avancer des domaines intensifs en données ». Ces 22 articles sont l’aboutissement « d’une décennie d’études sur le séquençage du cancer qui étaient [jusque-là] largement enracinées dans les observations ».
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