Ah… la France! L’Europe entière, en fait, avec son charme, son histoire, ses échos musicaux qui résonnent dans les rues encore pavées à l’ancienne… Avec son mini-album Un vieux chien, le guitariste et chanteur français Andre Bachleda donne envie de voyager, et d’aller s’installer à la terrasse d’un café.
Il suffit d’entendre l’ouverture de la toute première pièce, Le mare, pour être séduit par l’univers musical de Bachleda. « Je broie du noir pour une blonde qui ne veut pas de moi », chante-t-il. Une phrase qui laisserait normalement présager d’une musique au mieux doucereuse, au pire triste et déprimante. On a plutôt droit à de la guitare, des cuivres, de la batterie et du piano. Certains parleront de nihilisme à la française, mais il faut plutôt voir cela comme une façon de lutter contre la déprime en célébrant le côté chaotique de la vie. Une peine d’amour? Eh bien, soit, chantons et dansons, maintenant!
On imagine sans peine ces quatre titres se retrouver sur une version encore plus déjantée de la bande sonore des Triplettes de Belleville, ou résonner entre les murs d’un café, portés par un petit ensemble jazz vivant de clopes et d’eau fraîche.
Impossible, également, de ne pas déceler les influences polonaises et est-européennes dans le travail de Bachleda, qui célèbre ainsi les profondes racines musicales de son pays d’origine. Une certaine mélancolie, oui, mais surtout une utilisation fort intéressante des violons, par exemple, ou encore une fois des cuivres. La troisième pièce de ce mini-album, Nie Bede, est d’ailleurs entièrement chantée en polonais. De quoi se laisser séduire par cette langue à la fois particulièrement complexe et aux sonorités si riches.
En seulement quatre chansons, Andre Bachleda prouve hors de tout doute que l’art du parolier n’est pas mort; bien sûr, bon nombre d’artistes écrivent eux aussi des textes de qualité, mais on semble accorder ici une attention toute particulière à l’effet ensorceleur de quelques mots prononcés dans un micro. Voix et musique dansent ici une valse envoûtante, valse qui nous portera suffisamment longtemps, faut-il espérer, pour que l’artiste nous gratifie d’un disque complet.