Des entreprises qui « déjouent les cadres légaux » en place pour s’assurer la mainmise sur les marchés; des employés qui, sous couvert d’une « liberté » d’emploi, obtiennent des conditions de travail inférieures à celles des entreprises traditionnelles… Dans une nouvelle note d’information, l’IRIS, l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques, met à mal l’image d’audace et d’innovation des compagnies Uber et autres acteurs du capitalisme de plateforme.
Capitalisme dit de plateforme, en effet, car ces diverses entreprises reposent principalement sur les plateformes numériques, écrit l’auteure de la note, Clara Dallaire-Fortier. Selon elle, le modèle adopté par ces grandes compagnies, notamment Uber, mais aussi Airbnb, « concentre les profits », en plus d’entraîner une « déresponsabilisation des plateformes quant aux conditions de travail de leurs employés ».
Ces employés sont également rendus « vulnérables » par cette idée même de la fluidité des effectifs et de l’idée de liberté que les compagnies vende à leurs futurs travailleurs, notamment, comme c’est le cas pour Uber, d’être son propre patron et de travailler uniquement lorsqu’on le souhaite.
Cette économie du « partage » est donc un mythe, écrit encore la chercheuse. De fait, les grands joueurs du milieu ont beau jeu de présenter cette structure économique comme pouvant profiter autant aux grandes compagnies qu’aux petites initiatives solidaires; il n’en reste pas moins qu’Uber, Airbnb et Lyft étaient respectivement évaluées à 76, 41 et 32,6 milliards de dollars, au printemps dernier. La très grande part de l’argent circulant dans l’économie de « partage » termine donc sa course dans les poches des grandes entreprises du secteur.
L’idée derrière ce « nouveau » modèle économique, avance l’IRIS, consiste à déstabiliser un secteur économique pour tenter d’y implanter un monopole. Que ce soit avec l’industrie du taxi, qui était déjà lourdement réglementée et aux prises avec d’importants problèmes, ou avec la location touristique, où encore une fois, les gouvernements avaient déjà imposé des cadres stricts aux auberges, hôtels et autres Bed & Breakfast, les nouvelles entreprises ont débarqué pour tenter de casser le moule existant et réorganiser ces secteurs de l’économie, bien souvent sans se sentir obligées de respecter les règles en place. Ce faisant, les gouvernements ont été pris de court, et les nouveaux joueurs réussissaient à provoquer des changements, to disturb, soit l’objectif de bien de nouvelles entreprises contemporaines, qui s’appuient sur des outils numériques pour réussir.
Toujours selon Mme Dallaire-Fortier, ces grandes entreprises se retrouvent aussi en possession de vastes quantités de données personnelles, ce qui peut entraîner des problèmes en matière de protection de la vie privée.
Heureusement, écrit l’auteure de la note d’information, « des travailleurs et travailleuses se regroupent afin de mieux défendre leurs intérêts ». Que ce soit pour obtenir de meilleures conditions de travail, pour obtenir un statut de salarié, ou encore pour atteindre d’autres objectifs, les employés de cette « économie de partage » luttent contre ce capitalisme de plateforme qui tente de faire chuter les cadres économiques actuels.
Les inégalités, carburant de la fureur mondiale, affirme l’ONU