Une nouvelle technologie automobile qui promet d’améliorer l’efficacité du carburant des voitures pourrait avoir de sérieuses répercussions, y compris des impacts marqués sur l’environnement et la santé publique, selon une récente étude du College of Engineering de l’Université de Géorgie.
Le moteur à injection directe d’essence (GDI) est l’une des technologies les plus utilisées par les fabricants automobiles pour atteindre les cibles établies en 2012 par l’Agence américaine protection de l’environnement, en matière d’économie d’essence et de réduction des émissions de dioxyde de carbone, un puissant gaz à effet de serre. La part des véhicules équipés de cette technologie, rappellent les chercheurs, est passée de 2,3%, sur les modèles 2008, à 51% sur les modèles 2018, au pays de l’Oncle Sam. L’agence américaine prévoit que 93% des véhicules circulant aux États-Unis en seront munis d’ici 2025.
Si cette technologie est effectivement créditée pour avoir améliorée l’efficacité énergétique et avoir réduit les émissions de CO2, les moteurs qui contiennent cet ajout rejettent davantage de fines particules de carbone noir que les moteurs à injection d’essence traditionnels. Le carbone noir absorbe une grande quantité de radiations solaires, et démontre plusieurs caractéristiques associées aux polluants contribuant aux changements climatiques.
Dans une étude publiée ce mois-ci dans Environmental Science and Technology, une équipe de chercheurs de l’Université de Géorgie prédisent que l’augmentation des émissions de carbone noir alimentera à tel point les changements climatiques dans les régions urbaines des États-Unis que cela dépassera les réductions des émissions de CO2. De plus, les scientifiques jugent que cela fera pratiquement doubler le taux de mortalité prématurée associée aux émissions des véhicules à essence, passant de 855 à 1599 décès par année. Cela entraînera un coût de 5,95 milliards de dollars américains, avancent-ils.
« Bien que les émissions des voitures à essence ne représentent qu’une petite fraction des émissions de carbone noir dans l’atmosphère, ces émissions sont concentrées dans des régions densément peuplées, ce qui démultiplie leur effet », soutient Rawad Saleh, professeur adjoint à l’École de génie environnemental, civil, agricole et mécanique de l’Université de Géorgie, et le principal responsable de l’étude.
Des données erronées?
L’augmentation des émissions de carbone noir est une conséquence inattendue du passage aux véhicules à GDI que certains chercheurs estiment être basé sur des données expérimentales, selon M. Saleh. Au dire de ce dernier, l’étude de l’Université de Géorgie est la première à utiliser ces informations expérimentales au sein d’un cadre complexe visant à examiner l’équation entre la réduction du CO2 et l’accroissement des émissions de carbone noir.
Si de précédentes études ont indiqué que le passage aux moteurs équipés de GDI sera bénéfique pour le climat, les chercheurs de l’Université de Géorgie soutiennent que ces avantages sont relativement faibles, et ne peuvent être constatés que sur des périodes de plusieurs décennies. Parallèlement à cela, l’impact négatif du carbone noir peut être mesuré immédiatement.
« Notre recherche révèle que les impacts climatiques sont largement différents à l’échelle régionale, particulièrement dans les zones à forte concentration de véhicules. Dans ces régions, l’impact climatique du carbone noir supplante les réductions de CO2 », soutient M. Saleh.