Les publicités en ligne de techniques favorisant l’allongement du pénis semblent être aussi vieilles qu’Internet. L’une d’elles, le jelqing, se démarque par sa prétention à être une méthode « naturelle ». Mais la pratique est dénoncée par les urologues. Le Détecteur de rumeurs explique pourquoi.
L’origine de la rumeur
Le jelqing consiste à tirer sur le pénis en semi-érection pour augmenter l’apport sanguin. Conseillée par certains sexologues, la technique permettrait soi-disant de gagner plusieurs centimètres de taille et de circonférence. À la condition de se montrer patient et constant dans ses efforts, puisqu’il faudrait jusqu’à six mois de pratique quotidienne pour voir des résultats.
Les sites et les forums qui défendent la pratique promettent également des érections plus longues et plus fréquentes, l’amélioration du plaisir sexuel et des orgasmes plus faciles à atteindre et plus intenses. Ils vantent aussi son côté économique et sécuritaire, comparé au prix d’une chirurgie ou de l’utilisation d’un extenseur.
La croyance veut qu’en augmentant l’afflux sanguin dans les corps caverneux (tissus qui se remplissent de sang avec l’excitation), les tissus du pénis en viennent à s’étirer. Ces étirements répétés provoqueraient des micro-traumatismes qui favoriseraient, en guérissant, la croissance de nouvelles cellules. Et donc, l’allongement et l’élargissement présumés du pénis. Mais rien de tout cela n’a été prouvé scientifiquement.
Efficacité et sécurité contestées
Les urologues sont beaucoup moins enthousiastes quant aux bénéfices présumés du jelqing et s’inquiètent même des risques de blessures au niveau des corps caverneux.
Dans un avis publié le 31 juillet 2019, l’International Society for Sexual Medicine (ISSM) rappelle que cette technique n’a jamais fait la preuve de son efficacité, et qu’elle peut entraîner des blessures. Le message du groupe d’experts a été relayé par le sexologue français Gilbert Bou Jaoudé, qui précise que « les hommes pensent qu’ils peuvent atteindre les mêmes résultats qu’un lobe d’oreille qui s’agrandit à cause d’un bijou, mais c’est faux ».
En fait, il n’existe aucune bonne étude médicale évaluant l’efficacité du jelqing, selon le département d’urologie du Weill Cornell Medical College. Bien que cette technique semble plus sûre que d’autres méthodes (comme les médicaments ou les pompes à pénis), « il n’y a aucune preuve scientifique de son efficacité, et elle peut conduire à la formation de cicatrices, à de la douleur et à une déformation », indique pour sa part le site Internet de la clinique américaine Mayo, une organisation médicale à but non lucratif.
L’ISSM ajoute qu’étirer son pénis à répétition sur une longue période augmente le risque de développer la maladie de La Peyronie, une courbure de la verge due à une perte d’élasticité au niveau de l’albuginée, l’enveloppe renfermant les corps caverneux qui lui permettent d’entrer en érection. La perte d’élasticité est due à une mauvaise cicatrisation des lésions dues aux étirements répétés. Des plaques fibreuses peuvent alors se former, entraînant une incurvation du pénis sur le côté ou vers le haut. Quand la courbure est trop importante, les érections et la pénétration lors de l’acte sexuel peuvent être douloureuses, voire impossibles. La maladie touche entre 3 et 9% des hommes adultes. Des solutions chirurgicales peuvent être envisagées et un traitement par onde de choc peut stopper les douleurs, mais la courbure reste définitive.
Verdict
Aucune donnée probante ne démontre que le jelqing permet d’allonger et d’élargir le pénis. Cette technique présenterait plutôt des risques de déformation, de maladie de La Peyronie et de dysfonction érectile. Il est donc recommandé aux hommes de s’accommoder de ce que dame nature leur a donné!