Cela fait-il déjà trois ans que l’album Sigils a déboulé entre nos oreilles? On aurait pourtant pu croire que c’était hier que cet excellent premier disque, alourdi par des sonorités graves et puissantes, nous laissait pratiquement à bout de souffle, après avoir encaissé les douze titres particulièrement agressifs et bien ficelés. Voilà maintenant Swarm, et l’on peut affirmer sans aucun doute que l’artiste établi en Belgique sait y faire en matière de synthétiseurs et de batterie électronique.
La pochette de ce nouveau disque donne d’ailleurs une bonne idée de ce qui attend les mélomanes: on peut y voir de monstrueuses créatures aux dents acérées et aux longues griffes affronter un groupe de robots armés de canons lasers, le tout au-dessus de ce qui ressemble à un violent maelstrom cosmique. Bref, pas beaucoup de chance de s’ennuyer.
Comme de fait, à l’image de Sigils, Swarm démarre sur les chapeaux de roues. À choisir entre le darksynth, les influences des années 1980 et les quelques touches de musiques et sonorités tirées de jeux vidéo ici et là, on en a presque le tournis. La musique va vite, frappe fort, et ne laisse aucunement le temps de reprendre ses esprits avant de repartir à l’attaque à toute vitesse. Au dire d’un internaute ayant donné son avis sur la page Bandcamp de ce nouvel album, Swarm a des allures de bullet hell musical, une déclinaison sonore de ces jeux de tir et d’adresse où il faut bien souvent affronter de gigantesques ennemis dans un petit engin volant, le tout en évitant une quantité astronomique de projectiles. Ici, pas besoin de trop s’interroger pour comprendre que les notes sont autant de boules de plasma et de tirs lasers fonçant à la vitesse de la lumière vers nous, et qu’il faudra louvoyer – idéalement en hochant la tête en suivant le rythme – pour en sortir indemne.
Nous sommes en janvier 2020, mais on dirait plutôt, ici, que l’album vient de transporter les mélomanes en 1987… ou en 2387. Les artistes donnant dans le darksynth ne manquent pas, mais rarement a-t-on vu musique à la fois aussi brutale et mélodique. Il y a Gh0st, bien sûr (à ne pas confondre avec Ghost, qui donnent, eux, dans le rock, voire le métal), et peut-être aussi Carpenter Brut, mais le premier n’a pas tout à fait les mêmes variations mélodiques, la profondeur du style, la maîtrise des instruments. Quant au deuxième, il donne davantage dans une ré-interprétation au synthétiseur du rock et du hair metal des années 1980, extraits de films d’horreur de série B en prime. Vulta, on l’a déjà dit, est ici carrément dans le jeu vidéo dopé aux stéroïdes, dans la droite ligne de son précédent disque.
Avis aux curieux, d’ailleurs: on peut facilement se sentir quasiment noyé par la multitude de notes des pièces de ce nouvel album. Swarm n’est probablement pas pour toutes les oreilles, et il est recommandé de se faire les dents sur Sigils avant de passer à la suite, histoire de tâter le terrain, musicalement parlant. Une fois cette reconnaissance effectuée, cependant, sautez à pieds joints dans cette aventure riche en explosions, en lasers et en notes allègrement jouées au synthétiseur. Le jeu en vaut grandement la chandelle.
Déjouer l’ennui – Pierre Lapointe et la peine d’amour éternelle