À un peu plus de deux semaines du premier test électoral pour les candidats à l’investiture démocrate pour la présidentielle de novembre prochain, tout peut encore arriver, mais il faudra que les candidats qui traînent de la patte derrière les deux favoris, l’ex-vice-président Joe Biden et le sénateur du Vermont Bernie Sanders, mettent les bouchées doubles, révèle une nouvelle analyse de The Economist.
Le mois de février sera celui de tous les dangers, peut-on lire dans le rapport intitulé, incidemment, February primaries will narrow the field – US presidential election 2020. Les caucus de l’Iowa auront lieu le 3 février. Suivront ensuite, d’ici la fin du mois prochain, les primaires du New Hampshire, du Nevada et de la Caroline du Sud; toutes des étapes essentielles pour que les candidats puissent rattraper les meneurs, ou encore bâtir une solide avance sur leurs adversaires.
Plus intéressant encore – ou pire encore pour certains candidats –, The Economist évoque un ensemble de sondages effectués par l’agrégateur RealClearPolitics, qui démontre que MM. Biden et Sanders se retrouvent exactement au même endroit où ils se trouvaient il y a un an. Si l’ancien vice-président a atteint un pic de popularité de 40% en mai dernier, sa performance lors des débats et d’autres accrochages en campagne l’ont ramené à environ 30% d’avis favorables chez les électeurs. Bernie Sanders, lui, se maintient entre 14% et 20% d’intentions de vote.
Par ailleurs, Joe Biden conserve environ 10 points d’avance sur son plus proche rival, mais cela se compare défavorablement aux 13 points que détenait Donald Trump sur ses adversaires républicains à la même période de la période des primaires pour le Grand Old Party, en 2016, lit-on encore dans le rapport.
Un test des valeurs
L’élection présidentielle de 2020 sera-t-elle celle de l’affrontement entre le conservatisme économique des républicains et un Parti démocrate ayant effectué un virage vers la sociale-démocratie? Il faudra d’abord que les candidats plus progressistes réussissent à convaincre les électeurs de leur accorder leur soutien. Si des candidats plus centristes, comme Joe Biden et Pete Buttigieg, proposent des plans sociaux-économiques relativement plus conservateurs, avec des investissements publics de l’ordre de 4000, ou encore de 5000 milliards de dollars américains pendant un premier mandat, Bernie Sanders, lui, s’est résolument campé à gauche, avec un plan évalué à 50 000 milliards, notamment avec une assurance-santé universelle et l’annulation des dettes des étudiants universitaires. Un plan qui serait compensé par des hausses d’impôts pour les plus aisés, mais qui fait grincer les dents de bien des démocrates plus centristes, chatouilleux à l’idée de voir le parti être taxé de « socialiste ».
De leur côté, les éléments les plus progressistes des démocrates rétorquent que la timidité n’a jamais payé dans l’isoloir, et que pour vaincre Donald Trump, résolument installé à droite, avec des baisses d’impôts massives pour les riches et les entreprises, des sorties bruyantes des accords environnementaux et des ententes géopolitiques internationales, un grand coup est nécessaire. D’autant plus, disent-ils, que des projets tels que l’assurance-santé universelle existe déjà dans bon nombre de pays, y compris le Canada, et que cela est généralement considéré comme un système « normal » dans plusieurs économies industrialisées occidentales.
Pour l’instant, impossible de s’avancer pour donner un éventuel vainqueur en Iowa, avec ses 41 délégués, ou encore au New Hampshire, avec ses 24 délégués. Les sondeurs accordent toutefois une avance de 7 points à Joe Biden au Nevada (36 délégués), et de 24 points en Caroline du Sud (54 délégués), écrit The Economist.
Un candidat doit obtenir au moins 1990 délégués pour remporter l’investiture démocrate, sur un total de 3979.
C’est le hasard, et non l’idéologie, qui alimente la polarisation politique