Tourné il y a déjà près de trois ans, Underwater semble provenir d’une autre époque, ce qui fait à la fois son charme et ses inconvénients, plaçant cette luxueuse série B entre deux feux, jamais trop certaine du degré de satisfaction qu’elle veut développer, ou du moins atteindre.
La distribution semble bizarroïde dans le contexte actuel. Certes, plusieurs noms sont indubitablement prestigieux, surtout que Kristen Stewart s’émancipe toujours plus à chaque film. Sauf qu’en 2017, elle n’avait pas encore l’aisance qu’elle exhibe jouissivement dans le récent Charlie’s Angels, encore sous l’emprise magnétique des Assayas et Allen, alors que Vincent Cassel, peu importe l’époque, est parfait pour faire le Français de service dans un film américain.
Et si le cliché du Noir qui part en premier fait défaut en ce début d’année, il était certainement plus logique il y a trois ans comme d’offrir un grand rôle au rapidement insupportable T.J. Miller, qui était encore bien loin devant ses scandales à venir. On a d’ailleurs droit ici à des gros plans sur son corps dont on ne désirait pas connaître l’existence. Pour les aguichants Jessica Henwick et John Gallagher Jr., c’était la continuité intéressante suivant leurs récentes téléséries prestigieuses de HBO.
Du côté du réalisateur, il s’agit probablement d’une commande pour William Eubank, qui se retrouve avec son plus grand budget à ce jour pour un film dont il ne signe pas le scénario cette fois et pour la première fois depuis le début de sa carrière d’ailleurs, mais prouvant son mélange ambiguë d’ambitions évidentes et d’incertitude du développement d’un concept prometteur. Les peu vus l’impressionnant Love et The Signal avaient certainement attirés notre intérêt après tout.
Il est donc intéressant de le voir délaisser la conquête de l’espace pour descendre dans les profondeurs de l’océan, des lieux que le septième art ne touche que rarement, mais qui s’avère aussi riche en possibilités.
Sauf que le film se perd régulièrement et prend beaucoup de temps avant de nous intéresser. Certes, la majorité des personnages sont sans intérêt et les comédiens pour la majorité habituellement excellents, ne parviennent jamais totalement à nous convaincre de l’entreprise ou, pire, à leur complicité indisponible. Cela n’aide pas non plus qu’on se sente peu investis par l’ensemble ou encore à la raison du pourquoi de ce qui se produit sous nos yeux ou les motivations des actions des personnages, au-delà de leur propre survie.
Néanmoins, dans cette histoire qui préfère faire ressentir à ses spectateurs au lieu de surexpliquer, voilà un film qui réussit à plusieurs moments son atmosphère souvent angoissante et régulièrement stressante, offrant des souvenirs des Alien bien plus satisfaisants que les récents Life et autre Prometheus sortis dans les dernières années.
Il faut dire que malgré la noirceur souvent trop prononcée, ajoutant à la confusion du scénario par des scénaristes qui ne sont pas toujours capable du meilleur, le film se tire bien d’affaire avec son budget. Les décors sont efficaces et plus nombreux qu’on s’y attendrait, les costumes crédibles et, lorsqu’elles s’amènent enfin, les créatures font espérer qu’on les voit davantage, à défaut de ressembler à toutes celles qu’on voit dans les films depuis plus de 10 ans.
Quelque chose rôde dans les profondeurs
Puisqu’il faut être honnête, cette narration en voix off, ces moments dramatiques pour explorer une psychologie qui ne lève pas et l’humour trop rare qui ne fonctionne jamais vraiment quand on y a recours, ne sont vraiment pas ce qui nous intéresse ici. C’est sans conteste ce penchant pour l’horreur qui nous anime et nous fait quasiment espérer à un univers étendu qui pourrait autant aller vers celui des monstres de Godzilla et Kong (le générique finalement semble s’en être inspiré après tout) que ceux des Cloverfield.
On y est d’ailleurs allé à fond dans la métaphore de la mère et de la mer, en arrivant à une représentation assez littérale de la fécondation qui a de quoi faire rêver tous les théoriciens du septième art.
Dommage alors que le film, sans être l’échec attendu des films du mois de janvier (The Grudge nous l’a rappelé assez rapidement récemment), en ressort assez fade au final, n’en déplaise aux compositions engageantes du toujours efficace Marco Beltrami et son comparse Brandon Roberts et les images de Bojan Bazelli, collaborateur régulier de Gore Verbinski. Dépendant alors de son succès et si quelqu’un a véritablement une bonne idée à développer cette fois (éloigner les gens derrières les Jurassic World, de grâce), on peut toutefois espérer que la franchise a sans conteste le potentiel pour bien se relever.
5/10
Underwater prend l’affiche en salle ce jeudi 9 janvier.