L’appel au calme lancé par le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, dans la foulée de l’assassinat du général iranien Qassem Soleimani, n’aura pas été entendu: le gouvernement iranien a annoncé dimanche qu’il ne se sentait plus lié par les dispositions de l’accord sur le nucléaire concernant le nombre maximal de centrifugeuses pouvant être utilisées dans le cadre de ses activités d’enrichissement d’uranium.
Le geste, rapporté dimanche par le New York Times, survient au même moment où une foule monstre s’est déplacée, en Iran, pour pleurer la mort du général Soleimani. Celui-ci, un vétéran de la Guerre Iran-Irak, a longtemps commandé la force Qods, essentiellement la tête dirigeante des Gardiens de la révolution, les troupes paramilitaires chargées de « protéger » la Révolution islamique de 1979. Considéré comme responsable de nombreuses attaques lancées contre les forces américaines, irakiennes et celles d’autres alliés de Washington au Moyen-Orient, le général a été tué vendredi matin, à l’aube, par un tir de missile alors qu’il se trouvait dans une voiture venant à peine de quitter l’aéroport international de Bagdad, la capitale irakienne.
L’homme en question, décrit par des analystes comme le « numéro 2 » du gouvernement iranien, ne répondant qu’au guide suprême, a été décrit comme étant un « terroriste sanguinaire » par les autorités américaines, ainsi que par le président Donald Trump lui-même. « Nous avons agi pour éviter une guerre, non pas pour en déclencher une », a assuré le chef d’État américain lors d’une brève allocution en direct de sa résidence de Mar-a-Lago, en Floride, peu de temps après l’assassinat.
Devant les promesses de « vengeance » de la part de diverses autorités iraniennes et des milices et groupes terroristes pro-Iran, toutefois, M. Trump a menacé de « frapper l’Iran de façon disproportionnée », voire de « cibler des sites culturels iraniens » si Téhéran mettait ses menaces à exécution. Plusieurs observateurs de la vie politique américaine et politiciens ont rapidement souligné que bombarder des sites culturels représenterait un crime de guerre. Ce point de vue est également celui du ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, selon ce que mentionne le Times.
Dimanche, toujours, le gouvernement iranien a indiqué qu’il en avait fini avec les « dernières limitations » à son programme nucléaire, des limitations conçues pour empêcher Téhéran de développer des armes atomiques. L’Iran continuera toutefois à collaborer avec l’Agence internationale de l’énergie atomique, et acceptera de se plier de nouveau aux conditions de l’accord conclu en 2015 si les sanctions économiques imposées par les États-Unis sont levées, et si les intérêts iraniens sont garantis, a fait savoir le gouvernement.
À la fin de la semaine dernière, le secrétaire général de l’ONU plaidait pourtant pour une désescalade. Se disant « profondément préoccupé par la récente escalade », M. Guterres a affirmé que « c’est un moment où les dirigeants doivent exercer un maximum de retenue. Le monde ne peut pas se permettre une nouvelle guerre dans le Golfe ».
« Nous exhortons toutes les parties à faire preuve de la plus grande retenue afin d’éviter un autre cycle dévastateur de violence et d’instabilité régionale. Pendant trop longtemps, l’Irak a été le théâtre de différentes compétitions de pouvoir. Les Irakiens méritent la stabilité et la paix. Il faut garder la tête froide », a de son côté soutenue l’envoyée onusienne en Irak, Jeanine Hennis-Plasschaert.
Plaidoyer onusien pour protéger l’accord sur le nucléaire iranien