Partir. Partir au loin en laissant tout derrière soi. Mais pour aller où, au fait? Dans Jack, oeuvre douce-amère de Marie-Pierre Proulx présentée au Théâtre La Licorne, une jeune héroïne part explorer l’inconnu, sur les traces d’un mystérieux grand-père, mais aussi d’un grand écrivain.
Du Nord ontarien au désert du Nevada, il semble n’y avoir qu’un pas. Ou plutôt, il y a plusieurs jours de voyage en auto, en autobus, puis en camion pour Alexandra, 22 ans, qui décide, sur un coup de tête, de partir du village qui l’a vu naître pour retrouver la trace de Jack, le grand-père en question, globe-trotter en herbe qui vient soudainement de passer l’arme à gauche.
La voilà donc dans la voiture d’un étranger qui l’amène au terminus d’autobus, puis dans de multiples autocars, justement, qui la feront voyager jusqu’à Reno, au Nevada. Pendant les quelques jours que dureront cette traversée d’une partie du continent nord-américain, Alex sera confrontée à la réalité des grands espaces, aux dangers des petites comme des grandes villes, mais effectuera surtout un parcours initiatique qui rappellera un certain roman qui continue de représenter l’évasion et la découverte de soi et des autres.
Car Jack évoque bien entendu Kerouac, l’écrivain entre autres connu pour On the Road, dont le roman sert de trame de fond à la pièce. Partout, Alex croisera des Jack, dont l’un d’eux lui remettra même une copie du livre. Ce livre, elle l’a aperçu entre les mains de son grand-père pendant des années, mais n’avait jamais pris le temps de le lire. Voilà qui sera chose faite, alors même que la jeune femme part elle-même à la découverte de son univers.
Intime, non seulement par le choix de la présenter à la Petite Licorne, mais aussi simplement par son contexte et sa structure, la pièce réchauffe l’âme. Qui n’a jamais rêvé de laisser sa ville natale derrière soi et de parcourir le monde, sans vraiment savoir ce que l’on fera ensuite? Bien entendu, il n’est pas donné à tout le monde de tout abandonner pour suivre son instinct, surtout si l’on doit respecter certaines obligations, qu’il s’agisse de payer les factures, ou de s’occuper de sa famille.
Ceci étant dit, l’interprétation des deux acteurs sur scène, France Huot et Jean Marc Dalpé, permet aisément d’entrer dans le monde d’Alex, histoire de s’évader pendant 1h20. Et sans gâcher les rebondissements de l’oeuvre, il appert que les voyages initiatiques ne se terminent pas tous de façon agréable…
À voir, pour rêver de grands espaces et d’autre chose que d’un début d’hiver plus qu’incertain.
Jack, de Marie-Pierre Proulx, une production du Théâtre du Nouvel-Ontario présentée par le Théâtre de La Manufacture. Mise en scène de Magali Lemèle, avec France Huot et Jean Marc Dalpé.
À La Licorne jusqu’au 14 décembre.