Réunissant les trois derniers albums de la série créée par Benoit Ers et Vincent Dugomier dans une splendide édition, le second tome de l’intégrale des Démons d’Alexia saura combler les amateurs d’enquêtes paranormales de tous les âges.
Arrière petite-fille de Sarah Perkins, une femme condamnée pour sorcellerie à Salem en 1692, Alexia est à la fois exorciste et sorcière, ce qui, tout en constituant une pure aberration dans l’univers de la magie, lui a tout de même valu d’être embauchée par le Centre de Recherches des Phénomènes Surnaturels, une organisation secrète combattant les agressions occultes à travers la planète.
Bien que le C.R.P.S. ait toujours été dirigé par l’un des descendants de l’inquisiteur William Stoughton, Alexia s’est vue nommée à la tête du Centre à la fin du premier tome de l’intégrale (lire notre critique ici) dans l’espoir que sa dualité préserve le fragile équilibre entre les magies noires et blanches, mais l’arrivée de cette nouvelle directrice ne semble aucunement calmer la vague sans précédent de manifestations paranormales perturbant chaque jour davantage les populations. Les différents gouvernements de la planète donnent alors un ultimatum au C.R.P.S., qui ne dispose que d’un mois pour résoudre la crise, faute de quoi, l’organisation sera démantelée.
Avec son Centre de Recherches des Phénomènes Surnaturels chargé de veiller à ce que les manifestations de l’au-delà ne perturbent pas le quotidien d’une population ne se doutant de rien et son équipe d’enquêteurs du paranormal composée d’un nécromancien, d’un alchimiste, d’un médium, d’un ange déchu et bien sûr d’une jeune exorciste luttant contre son héritage de sorcière, Les démons d’Alexia évoque une sorte de B.P.R.D. à la sauce franco-belge, une impression renforcée par le style graphique de Benoit Ers, dont les dessins possèdent une certaine parenté avec ceux de Guy Davis, l’un des illustrateurs du comics dérivé de l’univers d’Hellboy.
Pour une série ayant vu le jour dans les pages du Journal de Spirou, Les démons d’Alexia est étonnamment sombre, avec ses pentacles, ses références à Paracelse, ses statues versant des larmes de sang ou son hôpital « vivant » tuant les malades qu’il abrite afin de se sustenter, mais à l’image de son héroïne, à cheval entre deux univers, le scénariste Vincent Dugomier réussit à faire le pont entre le monde hermétique de l’occultisme et une approche grand public, qui rejoindra autant les adultes que les adolescents. Axé autour d’un mystérieux groupe cherchant à tuer Gabriel, cette seconde intégrale, sur laquelle plane toujours l’ombre de Sarah Perkins, conclut en beauté l’arc narratif entamé dans les albums précédents.
Paré d’une couverture en cuir faussement usé lui donnant les allures d’un vieux grimoire, ce deuxième volume de l’intégrale des Démons d’Alexia comprend les tomes 5 à 7, ainsi que trois courtes histoires jamais publiées en album, dont une intrigue assez cocasse où Alexia tente d’exorciser rien de moins que… la Belgique! Benoit Ers a enfin l’occasion de dessiner autre chose que des souterrains recouverts de runes et des salles poussiéreuses dans le dernier récit, qui se passe en Grèce, sur une île pas si paradisiaque de la mer Méditerranée peuplée de furets se nourrissant de chair humaine. La bande dessinée se termine sur un dossier amusant, où les créateurs dévoilent l’identité de la secte ayant commandité la série, et ses sombres desseins.
Il est dommage que Les démons d’Alexia ait pris fin après sept albums, et le C.R.P.S. aurait facilement pu s’attaquer à d’autres mystères occultes, mais au moins, cette très belle intégrale en deux tomes permettra aux bédéphiles de découvrir le parcours de cette sorcière pas comme les autres.
Les démons d’Alexia – L’intégrale Tome 2, de Benoit Ers et Vincent Dugomier. Publié aux éditions Dupuis, 180 pages.
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