Ah, Kyle Katarn… héros solitaire, premier agent rebelle à avoir volé les plans de l’Étoile de la Mort (avant que Disney ne ponde plutôt Rogue One), chevalier Jedi malgré lui, le combattant sans peur ni reproche a eu droit à une série d’aventures à la fin des années 1990 et au début des années 2000, y compris Jedi Outcast, qui est probablement l’un des meilleurs épisodes de la série.
Officiellement nommé Star Wars Jedi Knight II: Jedi Outcast, le titre sorti en 2002 est le troisième de la série qui a débuté avec l’incontournable Dark Forces, sous la forme d’un jeu de tir à la première personne, et qui a ensuite muté pour y combiner des combats au sabre laser à la troisième personne. Et si Jedi Knight, premier du nom, comprenait de longues séquences en Full Motion Video (c’était l’époque!), cette indiscrétion stylistique a heureusement disparu dans le cadre de la suite.
Après avoir vaincu le méchant en titre du premier Jedi Knight dans la Vallée des Jedi, un lieu où il est possible de décupler son contrôle sur la Force, voire de carrément « infuser » la Force au sein d’un individu qui n’en était d’abord pas doté, voilà que Kyle Katarn abandonne ses pouvoirs surhumains pour redevenir un simple mercenaire.
Ce répit est cependant de courte durée, alors qu’en compagnie de sa partenaire Jan Ors, il tombe sur une base impériale où ce qui reste de l’Empire galactique (nous sommes post-Endor dans le calendrier des événements de Star Wars) mène des expériences visant à « forcer » la production de guerriers Sith au profit des forces du Mal.
Poussé dans ses derniers retranchements par la mort de Jan et désireux de tuer à son tour Desann, l’ancien étudiant Jedi qui a plongé vers le côté obscur de la Force, Katarn retrouvera ses pouvoirs et se lancera sur les traces des méchants.
Deux jeux en un
Ainsi, Jedi Outcast peut être séparé en deux sections: la première, où Katarn est encore un simple mercenaire à la solde des rebelles, se joue comme tout bon FPS, mais bien évidemment à la sauce Star Wars. On retrouve avec grand plaisir le fameux fusil laser des troupes de choc de l’Empire, ou encore tous les bruits qui sont familiers en raison de leur présence dans les films et les jeux précédents. Plusieurs ennemis bien connus sont aussi de la partie, y compris les droïdes d’exploration aux longs bras métalliques, sans oublier les officiers impériaux, entre autres.
Après une poignée de missions de ce genre, on met enfin la main sur un sabre laser… après une séquence d’entraînement à l’Académie Jedi de Luke Skywalker, sur Yavin IV. Car qui dit Force dit aussi capacité de courir plus vite, de sauter plus haut, et de pousser et tirer diverses caisses, objets et même des ennemis. Le jeu comporte ainsi sa part de puzzles qu’il faudra résoudre, et de sections, parfois un peu frustrantes, où il faudra utiliser le bon pouvoir Jedi, parfois à la fraction de seconde près, pour continuer de progresser.
Les combats vont également gagner en intensité. Après tout, avec la capacité de parer automatiquement une bonne partie des tirs, Kyle Katarn voit sa réputation de machine de combat prendre beaucoup d’importance. Il devient alors possible de vaincre une dizaine de soldats d’un coup, parfois même en tranchant des membres. Un sabre laser ne pardonne pas, après tout, et il suffit parfois d’un coup de taille ou d’estoc pour en finir.
Pour compenser ces pouvoirs surhumains – y compris la capacité de se soigner soi-même sans devoir ramasser des kits médicaux –, les développeurs ont gonflé la difficulté du jeu. À un point tel que la toute première mission, après l’obtention du sabre laser, se déroule sur Nar Shadaa, la capitale de l’empire criminel des Hutts, et qu’il s’agit probablement de la partie la plus difficile du jeu. Non seulement parce qu’il faut constamment sauter de plateforme en plateforme, dans un environnement où les chutes sont mortelles, mais aussi parce qu’on a multiplié les tireurs embusqués utilisant, à grande distance, un fusil particulièrement précis dont il est impossible de bloquer les rayons.
Cette tendance se poursuit avec l’ajout régulier de pièges mortels nécessitant d’abuser du système de sauvegarde, ou encore d’ennemis si puissants qu’il est nécessaire de ruser pour en venir à bout. Force est d’admettre, cependant, que tout cela contribue au plaisir que l’on tire à franchir un obstacle particulièrement complexe, ou à venir enfin à bout d’ennemis Sith déterminés.
Car oui, qui dit utilisation « pervertie » de la Force dit soldats du Mal qui s’en prendront à vous avec les mêmes armes. S’ensuivront alors des duels souvent épiques, où les coups sont parfois mortels. Il faudra utiliser tous les pouvoirs à sa disposition pour en venir à bout… ou être un peu chanceux, comme le fait de réussir à pousser un ennemi en bas d’une falaise.
Ce sentiment de triomphe est cependant entamé par le côté un peu aléatoire de ces combats au sabre. La rançon de la gloire, probablement. Et que dire de cette section, vers la fin du jeu, où il faut oublier toutes les méthodes agressives employées jusqu’ici pour plutôt y aller de façon discrète, en évitant de se faire repérer? On aurait voulu étirer le jeu que l’on n’aurait pas agi autrement.
Si la campagne solo est complexe, il ne faut pas non plus oublier le côté multijoueurs de Jedi Outcast. C’est dans une série d’arènes que le chaos, l’action et le plaisir prennent tout leur sens. Bien sûr, on peut se tirer dessus à coup de fusil laser, mais rien ne remplace les éclats de rire associés à des combats au sabre laser à deux, trois, quatre, ou même cinq ou six participants. Rien ne vaut, non plus, le fait de pousser ses adversaires vers la mort d’un coup de Force bien placé.
Disponible sur Steam, et bientôt offert en version remasterisée, Jedi Outcast est un jeu qui a vieilli. Non seulement parce que l’engin graphique peine parfois à suivre l’action, mais aussi parce que certaines tares de la structure du jeu en solo (les plateformes minuscules, la difficulté parfois excessives) tendent heureusement à disparaître, de nos jours. Il est aussi important de noter qu’en lançant le jeu sur Steam, il n’est jamais possible de savoir s’il faudra effectuer cette action une, deux ou trois fois, par exemple. On ne peut qu’espérer.
Malgré tout, Jedi Outcast est à marquer d’une pierre blanche dans l’histoire des jeux vidéo de la célèbre franchise. Non seulement parce qu’à l’exception de sa suite, l’année suivante, il faudra attendre Fallen Order, cette année seulement, pour retrouver un jeu Star Wars mettant en vedette des mécaniques de combat au sabre et une histoire dignes de cet univers.
Le titre est imparfait, oui, mais il est aussi bien souvent particulièrement satisfaisant. Et, avantage à ne pas négliger, il est régulièrement en vente…
Star Wars Jedi Knight: Jedi Outcast
Développeur: Raven Software et Vicarious Visions
Éditeur: LucasArts et Aspyr
Plateformes: Windows (maintenant sur GOG et Steam, mais aussi sur CR-ROM), Mac OS, GameCube, Xbox, à venir sur PlayStation 4 et Nintendo Switch, testé sur Steam
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