Combien y a-t-il eu de jeux dans la série Call of Duty? Combien de reprises, de divergences, de nouvelles mécaniques testées lors d’une seule déclinaison de la franchise, puis abandonnées aussitôt? Entre Infinite Warfare et Black Ops IV, il y a eu WWII, un retour à la Deuxième Guerre mondiale, et un jeu compétent qui brûle cependant beaucoup trop vite les étapes et les bonnes idées.
Dans la peau d’un soldat américain générique, bien entendu originaire du Texas, et dont la copine restée au pays est évidemment enceinte, le joueur enfile les missions depuis le débarquement de Normandie jusqu’à la prise de l’ultime pont sur le Rhin, en territoire nazi.
L’histoire est connue: impossible de véritablement dévier des faits avérés, après tout, si l’on souhaite présenter un jeu sur la Deuxième Guerre mondiale sans tomber dans le révisionnisme ou l’histoire alternative. Dans le plus pur style des autres titres de la série se déroulant entre 1939 et 1945, certaines mécaniques de jeu ont été revues « à l’ancienne »: impossible, par exemple, de regagner des points de vie simplement en se cachant derrière une caisse. Il faudra plutôt utiliser un bon vieux kit de premiers soins, que l’on trouvera à travers les différents niveaux, ou en réclamant de l’aide à l’un de nos coéquipiers disposant de l’habileté spéciale consistant à générer lesdits kits à certains intervalles. Idem pour les munitions, les grenades fumigènes permettant de réclamer une mission de bombardement, etc. Généralement, ce sont surtout ces capacités de récupérer des points de vie et des balles qui seront utilisées, d’ailleurs.
Sur le plan scénaristique, là encore, c’est du déjà vu: tirer sur des soldats ennemis, capturer un bunker ou un village, conduire un char d’assaut – cette séquence est d’ailleurs passablement absurde, avec un tank qui part un peu dans tous les sens –, utiliser un canon antiaérien pour abattre des appareils ennemis… On se croirait revenus au tout début de la série, avec les séquences de tir sur tourelle et autres séquences de conduite à toute vitesse.
Si chacune de ces sections n’est pas mauvaise en soi, c’est plutôt leur répétition qui pose problème. On a franchement l’impression que les scénaristes sont tombés à court d’idées au beau milieu du jeu. Pourtant, certaines parties de CoD – WWII sont franchement excellentes. La mission à Paris, où l’on prend brièvement le contrôle d’une agente de la résistance française pour infiltrer une garnison nazie, fait agréablement changement par rapport aux séances de tir qui se répètent et finissent par se ressembler. Idem pour les brèves séquences d’utilisation de tactiques impliquant du camouflage, de la discrétion et de la précision. Et lorsque tout cela finit par rater, comme dans la mission où il faut attaquer un train blindé, l’action explose tout d’un coup, et l’on doit se frayer un chemin à travers les balles et les explosions pour aller jouer les casse-cou dans une voiture qui zigzague entre les obus. Du bonbon!
Sur le plan visuel, le jeu est une réussite: il y a peut-être un peu trop de cinématiques, mais celles-ci ressemblent justement à des séquences de cinéma, et ne diffèrent pas très largement de ce que l’on peut voir dans le jeu. Les personnages, les armes, les décors… tout cela est particulièrement bien détaillé, et on prend plaisir à observer tout cela en sprintant d’un muret à un autre, ou en rechargeant frénétiquement son arme avant d’attaquer une place fortifiée.
Côté multijoueurs, l’offre est à l’avenant, avec une communauté qui semble encore bien vivante et des modes de jeu classiques, certes, mais qui sont solides. On retrouve aussi les fameux zombies, qui sont bien sûr des nazis, dans diverses cartes gigantesques dans lesquelles on s’amuse, oui, mais où on risque de se perdre.
A-t-on vraiment des raisons de se rappeler de Cod – WWII? Ou de continuer à y jouer pendant encore plusieurs années? Pas vraiment. Il y aurait beaucoup de place pour un jeu d’infiltration et d’action dans la peau de Rousseau, par exemple, cette agente de la résistance française qui a subi un terrible traumatisme aux mains des Allemands. Il suffirait d’affiner les mécaniques d’espionnage et de dissimulation, et il ne fait aucun doute que le jeu aurait du succès. Peut-être pas auprès du public qui achète religieusement tous les titres de la série, année après année, mais alors que Modern Warfare, la reprise / adaptation de la déclinaison de 2007, débarque à peine sur les consoles et sur PC, il est probablement temps de se demander si la série n’est pas un peu à bout de souffle…
Call of Duty – WWII
Développeur: Sledgehammer Games
Éditeur: Activision
Plateforme: Xbox One, PlayStation 4, Windows (testé sur Windows/Steam)
Jeu disponible en français