Le gouvernement caquiste de François Legault se félicite de l’adoption, mardi, du projet de loi 2, qui rehausse à 21 ans l’âge minimum pour l’achat et la consommation de cannabis; pour l’opposition, cependant, il s’agit d’une grave erreur qui poussera les jeunes adultes à se tourner davantage vers le marché noir, plutôt que de respecter la loi et d’attendre l’âge de 21 ans pour consommer légalement.
Engagement électoral de la Coalition avenir Québec (CAQ), et principalement du ministre responsable du dossier, Lionel Carmant, ce rehaussement était justifié, dit-on, en raison d’études prouvant que le cerveau poursuit son développement jusqu’à l’âge de 25 ans, et que consommer du cannabis avant cet âge pourrait nuire au processus.
Aux yeux des deux premiers partis d’opposition, toutefois, le premier ministre et son gouvernement font fausse route. Pour André Fortin, porte-parole du Parti libéral du Québec en matière de santé publique, l’âge légal de consommer du cannabis avait justement été établi à 18 ans, lors de la préparation à la légalisation de la marijuana à l’échelle nationale, en octobre 2018, en s’appuyant sur « la recommandation d’une majorité d’experts, dont l’Institut national de santé publique et plusieurs directions de la santé publique ».
Cette démarche, poursuit M. Fortin par voie de communiqué, a été effectuée « dans une optique de protection de la santé et de la sécurité publique ».
« Aujourd’hui avec l’adoption du projet de loi 2 le gouvernement de la CAQ vient d’assurer l’avenir financier du crime organisé. Le ministre Carmant agit de façon irresponsable. Alors qu’il affirme vouloir protéger les jeunes, il en laisse tomber plus de 110 000 avec son projet de loi », a ajouté le député libéral.
Même son de cloche du côté de Gabriel Nadeau-Dubois, coporte-parole de Québec solidaire. « Dans le dossier du cannabis, le gouvernement de la CAQ a une attitude paternaliste, une attitude qui ne s’appuie pas sur la science », a-t-il écrit sur Facebook. Le député solidaire a également affirmé que dans ce dossier, la CAQ « agissait en mononcle ».
« C’est une loi inutile, c’est une loi qui rate complètement sa cible. Ça fait un an qu’on travaille sur le projet de loi sur le cannabis, un an qu’on perd du temps avec ce projet de loi qui va être inefficace », écrit encore M. Nadeau-Dubois sur le réseau social.
« Il y a toute une tralée d’experts qui ont manifesté leur désaccord avec ce projet de loi. C’est pourtant simple: l’interdiction ne fonctionne pas, ce qui fonctionne, c’est la prévention. Si le ministre se préoccupait de la santé des jeunes adultes au Québec, il aurait investi son temps durant la dernière année de commission parlementaire en travail pour créer des campagnes de prévention. À la place, on a un projet de loi qui va tout simplement renvoyer les gens vers le marché noir. »
Dès le 1er janvier 2020, il faudra être âgé d’au moins 21 ans pour acheter (et consommer) du cannabis. Il sera également interdit d’en consommer sur la voie publique, selon les détails du projet de loi adopté mardi.
Projet Montréal conserve sa forteresse du Plateau–Mont-Royal